Huit fausses idées concernant les Ivoiriens de l’étranger !
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Sur fond d’incompréhensions mutuelles et parfois d’aigreurs, les préjugés véhiculés en Côte d’Ivoire visant les Ivoiriens de l’étranger sont nombreux et solidement ancrés ! Nous partageons ci-dessous quelques aprioris les plus courants et autres contre-vérités qu’il est temps de signaler en vue de relations apaisées…
1. « Ils sont environ 1 million et vivent principalement en France ! »
Faux. Si les statistiques officielles (2015) font état d’1,2 million d’Ivoiriens à l’étranger, ces chiffres sont très largement sous-estimés du fait que peu d’Ivoiriens sont immatriculés dans les consulats et donc recensés. Parmi eux, un nombre important de sans-papiers vivant en Europe et la plupart de la communauté qui vit dans les pays africains de la région. La France est le pays historique avec une communauté estimée à plus de 250 000 membres soit un Ivoirien de l’étranger sur cinq si l’on se fie aux données officielles. USA, Canada, Italie, UK et les pays africains (Ghana, Bénin, Togo, Cameroun, Sénégal, Tunisie…) figurent parmi les autres grands pays de concentration.
2. « Ce sont des Bétés pour la plupart ! »
Faux. Si les Bétés constituent le noyau historique des premières communautés d’immigrés et réfugiés ivoiriens vers la France, avec l’intensification des flux migratoires ivoiriens depuis les années 90, les principales ethnies (baoulés, malinkés, sénoufos…) et régions de la Côte d’Ivoire sont aujourd’hui représentées au sein de la diaspora. D’ailleurs, le paysage des associations communautaires de la diaspora reflète bien cette diversité ; des forces qui gagneraient à être rassemblées !
3. « A part dans le sport et la musique, ils ne brillent pas et vivent des aides sociales ! »
Faux. Portée par de nombreuses stars, il est vrai que l’influence de la diaspora dans le sport (football notamment) et la musique n’est plus à démontrer et a participé largement au rayonnement international de la Côte d’Ivoire ! Néanmoins, la communauté est socialement très diversifiée et peut notamment compter sur un socle d’ex étudiants qui ont décidé de s’installer à l’étranger pour y briller. L’entrepreneuriat, le sport et la culture sont les terrains d’excellence des Ivoiriens qui ont fait preuve d’une formidable faculté d’intégration. Rappelons que 50% des immigrés ivoiriens ne sont fixés à l’étranger que depuis moins de vingt ans !
4. « Ils sont politiquement trop radicalisés et ne pensent pas toujours à l’intérêt du pays ! »
Faux. Il est vrai que les communautés ivoiriennes en France et USA sont particulièrement engagées politiquement. Et la plupart des associations sont à ce titre très clivées politiquement et ethniquement. Mais, aux côtés de ces militants de la première heure qui ont opté pour l’engagement politique, il y a une majorité silencieuse qui vit réconciliée et qui aspire à s’engager autrement pour le développement économique et humain de la Côte d’Ivoire ! A l’Etat ivoirien de comprendre et d’accompagner cette dynamique !
5. « Ils passent leur temps à se battre entre eux ! »
Faux. Comme en Côte d’Ivoire, la diaspora est une mosaïque humaine complexe que les politiques aiment courtiser et parfois attiser. On peut regretter que systématiquement à l’approche des joutes électorales, les enjeux partisans et ethniques prennent le pas sur les intérêts supérieurs de la nation. Cependant, lentement mais sûrement, un mouvement de consolidation s’imprime dans la communauté sous l’impulsion des femmes, des jeunes et d’intellectuels. Et on peut rêver raisonnablement à ce que l’union de la diaspora ne s’opère plus seulement le temps d’un match des « Éléphants » !
6. « Ils sont déconnectés des réalités du pays et se croient supérieurs ! »
Faux. Les Ivoiriens de l’étranger sont les premier soutiens de leur famille ; ils suivent régulièrement les actualités via les médias et les réseaux sociaux ; ils retournent au pays dès qu’ils peuvent ou en ont les moyens si bien qu’ils sont bien imprégnés des réalités du pays. S’ils adoptent parfois une posture radicale et brutale, il faut davantage y voir une marque d’impatience face à la lenteur des changements car ne l’oublions pas, la plupart d’entre eux aspirent à retourner vivre dès que possible dans une Côte d’Ivoire stabilisée.
7. « A part les aides aux familles, ils n’apportent rien au pays ! »
Faux. La diaspora contribue chaque année par des transferts d’argent massifs à hauteur de 300 millions d’euros. Cette manne est destinée principalement à aider les familles et dans une moindre mesure pour projets principalement dans l’immobilier. Ce chiffre en hausse régulière depuis 10 ans, peut paraître faible comparé à d’autres pays de la région mais il ne faut pas perdre de vue que la diaspora ivoirienne est d’immigration récente et beaucoup de concitoyens n’ont pas encore acquis toute la maturité financière qui leur permet d’épargner voire de lancer des projets conséquents au pays. Avec une diaspora de plus en plus qualifiée et composée de cadres et chefs d’entreprises, l’Etat ivoirien doit mettre en œuvre sans tarder une stratégie de mobilisation pour en cultiver tous les fruits : créations d’entreprise, épargne, tourisme, promotion de l’export et de l’image du pays, développement humain avec la mobilisation des compétences de la diaspora… Le potentiel est intact et vaste !
8. « Ils viennent passer du bon temps et ensuite ils nous oublient ! »
Faux. Ils sont plusieurs centaines de milliers à rentrer annuellement au pays avec pour objectif de s’y ressourcer en famille mais pas seulement ! S’ils sont aussi assidus et nombreux c’est parce qu’ils viennent se mettre à jour des réalités du pays et y cultiver des projets futurs. C’est bien connu ! Il n’existe pas un Ivoirien de la diaspora qui ne caresse pas l’espoir de revenir chez lui pour y monter un projet. Et le plus tôt sera le mieux ! En attendant, ils se ressourcent en musique, festoient dans les nombreux restaurants ivoiriens à l’étranger et se mobilisent dans les associations… participant ainsi au rayonnement de la Côte d’Ivoire à l’étranger.
9. « Ils paient trop de frais pour leurs transferts d’argent ! »
Vrai. En moyenne, les frais de transferts d’argent pour la Côte d’Ivoire sont de 11% ce qui veut dire que pour un transfert de 100 euros depuis la France, la famille au Sénégal recevra l’équivalent de 89 euros ! C’est excessif notamment par rapport à d’autres pays africains (Maroc, Nigéria, Kenya, Ghana…) où il ne coûte que 4% tout au plus. Heureusement, il est possible d’envoyer de l’argent en Côte d’Ivoire low cost avec Monisnap et … le premier transfert est gratuit !
Samir Bouzidi