RD.Congo: le gouvernement limite l’accès aux réseaux sociaux.
Le gouvernement Congolais a procédé à une restriction concernant l’accès aux réseaux sociaux.
Pour le gouvernement, il s’agit de façon temporaire de mettre de l’ordre après la diffusion d’images et de vidéos de plusieurs cadavres qui ne seraient pas ceux des Congolais tués lundi, lors des attaques attribuées à la secte Bundu dia Kongo.
Pour le ministre en charge des Nouvelles technologies, il s’agit d’une mesure d’urgence, une mesure conservatoire qui devrait être levée incessamment. Mais selon Emery Okundji, les comportements abusifs sur les réseaux sociaux notamment les messages de haine, appels à la violence, photos détournées se multipliaient de plus en plus, et cela mériterait une législation dont la RDC n’est pour le moment pas dotée.
Du côté des activistes comme les professionnels des médias numériques, aucun comportement ne mériterait d’être réprimé. Mais la mesure imposée par le gouvernement punit tous les utilisateurs. Elle est donc liberticide.
Pour plusieurs ONG comme Amnesty International, derrière ces raisons évoquées par le gouvernement se cache un dessein plus inavoué : celui de réduire encore l’espace démocratique dans un pays où il est devenu quasi impossible de manifester.
Des restrictions loin d’être inédites
Il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que les réseaux sociaux sont coupés depuis le début de la contestation du maintien au pouvoir de Joseph Kabila. Cela correspond à la période de multiplication des mouvements de cyber-activisime qui offrent plus de débouchés pour toutes ces informations.
La première restriction emblématique, c’était en janvier 2015, lors de l’organisation des élections. En effet un projet de révision de la loi électorale avait provoqué des manifestations à Kinshasa d’une ampleur inattendue.
Ce que professionnels et activistes constatent, c’est qu’il y a de plus en plus de lanceurs d’alerte, prêts à photographier des documents ou filmer des exactions et qui le font aussi grâce à l’anonymat tout relatif qu’offrent les réseaux sociaux. Y compris depuis les villages les plus reculés, ou dans l’est du pays mieux connecté. Dans les manifestations de ces derniers mois, il n’y a pas que des journalistes qui ont été arrêtés avec leurs caméras, mais aussi des civils munis de téléphones portables.
L’accès à internet en forte hausse
Officiellement, 3,8% de la population congolaise a accès aux réseaux sociaux, selon des chiffres datant de juillet 2015. Ce qui représente quand même plusieurs millions de personnes, pour l’essentiel en milieu urbain. Selon un sondage très récent de l’institut Target, sur près de 1 000 personnes interrogées, 40% avaient décidé de s’équiper d’un smartphone. Il existe des modèles très peu chers à 15 ou 30 dollars. Et des forfaits internet spécifiques mis en place par les opérateurs pour attirer les petits revenus. Des forfaits exclusivement Whatsapp et Facebook, par exemple. Il y a même de nouveaux métiers qui se créent comme celui d’installer des applications comme Twitter ou même les VPN qui permettent de contourner la censure.
Car si encore trop peu de Congolais sont connectés à internet, notamment dans les campagnes, le taux de pénétration de la téléphonie mobile a été multiplié par trois ces sept dernières années pour concerner plus de la moitié de la population désormais. C’est encore surtout dans les villes, beaucoup plus à l’est qu’à l’ouest du pays, mais le marché a littéralement explosé, malgré la faiblesse des revenus par habitant. Huit Congolais sur dix vivent sous le seuil de pauvreté absolue, selon le PNUD. Mais parvenir à communiquer fait partie des priorités pour la population.