Génocide au Rwanda: Emmanuel Macron ordonne une enquête sur le rôle de la France
Le président français Emmanuel Macron a nommé un groupe d’experts pour enquêter sur le rôle de la France dans le génocide rwandais il y a 25 ans.
Environ 800 000 Rwandais, dont la plupart appartenaient à la minorité tutsie, ont été tués par des extrémistes de l’ethnie hutu en 1994.
Le Rwanda accuse la France de complicité dans les massacres, une accusation rejetée à plusieurs reprises par Paris.
La commission composée de huit historiens et chercheurs mise en place par le président français va consulter des archives pour analyser le rôle de la France durant le drame.
Ils auront accès aux archives présidentielles, diplomatiques et militaires, a annoncé le bureau de M. Macron dans un communiqué.
Julien Allaire de Survie, une ONG basée à Paris qui se concentre sur les relations entre la France et l’Afrique, a déclaré à la BBC qu’il existait déjà de nombreuses preuves du « soutien diplomatique, militaire et économique de la France au gouvernement rwandais avant, pendant et après le génocide ».
En 2015, le président François Hollande avait annoncé que les archives rwandaises seraient déclassifiées, mais deux ans plus tard, après qu’un chercheur a demandé l’autorisation de les étudier, le Conseil constitutionnel français a décidé qu’elles resteraient secrètes.
Selon la constitution, les documents déposés dans les archives par un président ou un ministre peuvent rester secrets pendant 25 ans après le décès de cette personne. Le président au moment du génocide, François Mitterrand, est décédé en 1996.
Quel est le but de l’enquête ordonné par Emmanuel Macron ?
En ce qui concerne la période 1990-1994, l’on espère que les conclusions des huit historiens et chercheurs « contribueront à une meilleure compréhension et à une meilleure connaissance » de ce qui s’est passé, a déclaré la présidence.
« Cette commission, qui rassemblera huit chercheurs et historiens, sous l’égide du professeur Vincent Duclert, aura pour mission […] d’analyser le rôle et l’engagement de la France durant cette période et de contribuer à une meilleure compréhension et connaissance du génocide des Tutsis ».
« L’objectif est de livrer un rapport qui sera publié dans deux ans (…) et qui sera accessible à tous ».
La France était un allié proche du gouvernement de Juvénal Habyarimana, dirigé par les Hutu, avant les massacres.
L’attentat du 6 avril 1994 qui a coûté la vie à Juvénal Habyarimana a été l’élément déclencheur du génocide.
Le Rwanda a accusé la France d’avoir ignoré les avertissements en formant les milices qui ont perpétré les attaques.
Les forces françaises, stationnées sur place dans le cadre d’une opération de maintien de la paix des Nations unies, ont utilisé la création d’une zone de sécurité pour aider certains des auteurs de ces actes à s’échapper.
Les relations entre les deux pays ont longtemps été tendues, même si elles se sont améliorées au cours de la dernière décennie.
Mais aucun président français n’a jamais assisté aux commémorations annuelles au Rwanda. M. Macron a refusé une invitation pour les événements de ce week-end, évoquant des problèmes d’horaire.
Crédit photo : bbc