Gambie : l’annonce de la libération des tueurs sous Yahya Jammeh suscite l’indignation (vidéo)
La libération de trois hommes qui faisaient partie d’une unité paramilitaire non officielle connue sous le nom de « Junglers » a suscité une vague d’indignation en Gambie.
Les trois hommes, Malick Jatta, Omar Jallow et Amadou Badjie ont avoué avoir assassiné des dizaines de personnes sous les ordres de l’ancien président Yahya Jammeh.
Le ministre gambien de la Justice et procureur général, Abubacarr Tambadou, a déclaré que la libération de ces hommes a été l’une des décisions les plus difficiles qu’il a eu à prendre.
Les trois hommes ont témoigné devant la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) où ils ont avoué qu’ils faisaient partie d’une « brigade de choc » opérant sous les ordres de l’ancien président Yahya Jammeh, exilé en Guinée équatoriale.
Amadou Badjie a déclaré avoir reçu l’ordre de Jammeh en juin 2013 de tuer deux hommes d’affaires américano-gambiens, Alhaji Cessay et Ebrima Joe. M. Jammeh les soupçonnait d’avoir planifié un coup d’État contre lui.
Le mois dernier, le lieutenant Malick Jatta a déclaré à la TRRC que Jammeh avait donné l’ordre direct d’assassiner le journaliste gambien Deyda Hydara le 16 décembre 2004 dans le cadre d’une opération baptisée « Magic Pen ». Malick Jatta a révélé qu’il a été payé 50 000 dalasi (moins de 900 euros) pour faire ce « job ».
Deydra Hydara, un fervent critique de M. Jammeh, était rédacteur en chef et copropriétaire du quotidien, The Point.
Son fils Baba Hydara a déclaré à la RFI : « C’est mal de remettre ces meurtriers en liberté après avoir entendu ces confessions. C’est tout simplement injuste de relâcher dans les rues de Gambie des meurtriers, qui ont avoué plus de 30 à 50 meurtres, dans les rues du pays. C’est juste une gifle au visage des victimes ».
Former President Jammeh’s Victims are speaking Out Against The Release Of The Junglers” pic.twitter.com/bF7dnV5CCO
— babs (@babahyd) 6 août 2019
Baba Hydara, coéditeur de The Point et membre du conseil d’administration du Centre gambien pour les victimes de violations des droits humains, a déclaré que les familles des victimes ne comprennent pas pourquoi elles n’ont pas été consultées avant la libération des trois hommes.
« À mon avis, nous avons notre mot à dire à ce sujet et les familles sont vraiment, vraiment en colère contre cette décision », a-t-il déclaré.
Les trois hommes sont détenus depuis deux ans et demi sans procès. Selon le ministre de la justice, leur libération incitera les autres à dire la vérité, car « d’autres détenus refusent d’aider » la TRRC.
« Tous ceux qui aident la TRRC à établir la vérité doivent et devraient être traités de la même manière », a-t-il ajouté.
Les organisations de défense des droits humains craignent que ces trois assassins ne quittent la Gambie et échappent à la justice.
Mais le ministre de la justice affirme que les révélations faites par les trois « junglers ont permis d’établir un récit de première main des « détails les plus effrayants sur les atrocités commis par l’ancien président ».
Crédit photo : leadership.ng