Scandale: Une fuite en ligne expose la séropositivité de plus de 14 000 personnes
La séropositivité de 14 200 personnes, ainsi que leur numéro d’identification et leurs coordonnées, ont fait l’objet de fuites en ligne, ont déclaré lundi les autorités de Singapour.
Dans les dossiers médicaux qui ont été divulgués, on compte 5 400 Singapouriens diagnostiqués depuis janvier 2013 et 8 800 étrangers diagnostiqués avant décembre 2011, a déclaré le Ministère de la santé dans un communiqué.
Les noms des patients, les numéros d’identification, les numéros de téléphone, les adresses, les résultats des tests de dépistage du VIH et les renseignements médicaux ont été inclus dans les renseignements divulgués par un ancien résident de Singapour.
« Nous sommes désolés pour l’anxiété et la détresse causées par cet incident. Notre priorité est le bien-être des personnes touchées. Depuis le 26 janvier, nous avons progressivement contacté les individus pour les prévenir et leur prêter assistance ».
Leow Yangfa, porte-parole de l’organisation caritative LGBT Oogachaga, a déclaré que le groupe craignait que les personnes qui n’ont pas divulgué leur séropositivité à leur employeur, leur famille ou leurs amis ne subissent les répercussions de la fuite.
« Cela nous rappelle l’insupportable stigmatisation, la peur et la discrimination qui continuent d’entourer les personnes vivant avec le VIH à Singapour aujourd’hui », a déclaré Yangfa. « Ceux d’entre nous qui vivent sans VIH ne peuvent imaginer le choc, la détresse, la douleur et la trahison qu’ils doivent vivre en ce moment », a-t-il ajouté.
Selon une déclaration du ministère de la santé, les « informations confidentielles sont en la possession illégale d’un certain Mikhy K Farrera Brochez », un citoyen américain qui a résidé à Singapour jusqu’en mai 2018.
Ce dernier a été expulsé, après avoir purgé une peine de 28 mois de prison pour « de nombreuses fraudes et infractions liées à la drogue ». L’une des accusations de fraude concernait la séropositivité de Brochez.
Selon Action for Aids, une organisation caritative locale, les étrangers séropositifs ont été interdits d’entrée à Singapour jusqu’en 2016. Bien que la loi ait été assouplie pour les touristes, les étrangers séropositifs ne peuvent toujours pas obtenir de visa de travail ou de statut de résident permanent.
Mikhy Brochez est entré à Singapour grâce à sa relation amoureuse avec Ler Teck Siang qui était à la tête de l’Unité de santé publique du ministère de la Santé singapourien.
En septembre 2018, Ler Teck Siang a été reconnu coupable de « complicité et d’avoir fourni de fausses informations à la police et au ministère de la Santé ».
Selon le Straits Times, un journal singapourien, pour contourner le problème lors de son arrivée en 2008, Mikhy Brochez avait échangé son test sanguin avec celui de Ler Teck Siang.
Par l’intermédiaire de Ler, le ministère de la Santé a déclaré que Brochez avait accès aux registres médicaux des patients. Au moment de leur arrestation, des raids ont été effectués et certains matériels ont été saisis.
Après l’expulsion de Brochez de Singapour, le ministère de la Santé a appris qu’il avait encore une partie des dossiers et, ce mois-ci, il a commencé à partager en ligne des informations provenant du registre.
Crédit photo : stlucianews