A l’issu du combat qui a opposé Stipe Miocic à Francis Ngannou le dimanche 28 mars dernier, le camerounais surnommé « prédator » a décroché la ceinture des poids lourds de l’Ultimate Fighting Championship (UFC) la plus puissante ligue mondiale de MMA en battant son adversaire au 2e round par K.O.
Mais avant de réaliser un tel exploit, Francis Ngannou a connu pas mal de galères. En dehors d’avoir été pendant quelques années creuseur de sable dans les mines de son département d’origine des Hauts plateaux à l’Ouest du Cameroun, il a exercé le métier de porteur et transporteur des sacs de marchandise au Marché Mboppi, avant de prendre la route de l’aventure.
Francis Ngannou va traverser le Sahara puis va franchir le détroit de Gibraltar en compagnie de milliers d’autres migrants. Il sera détenu dans un centre de rétention en Espagne, avant d’arriver à Paris, en France en 2013.
A Paris, Francis Ngannou sera repéré par Khater Yenbou, le directeur de l’association La Chorba alors qu’il vivait dans un parking. C’est lors d’une distribution de repas en compagnie d’un groupe de bénévoles que Khater Yenbou rencontre Ngannou avant qu’il ne devienne plus tard «The Predator» à l’UFC et aujourd’hui Champion du Monde.
C’est toujours dans le parking où il dormait que l’actuel champion du Monde des poids lourds de l’UFC rencontre Véronique, une bénévole de La Chorba. Cette dernière ne manque pas de faire le récit de cet homme extraordinaire qu’elle a rencontré. Khater Yenbou se souvient d’ailleurs de la description que Véronique lui avait faite de Francis Ngannou :
« Elle m’en parlait assez souvent en revenant de ses maraudes. Elle me disait que c’était une personne particulière, avec une certaine sérénité malgré les difficultés et puis avec un physique impressionnant. Elle me disait que le gobelet de café qu’on lui donnait, elle pouvait le poser sur son genou. Il était tellement large que ça faisait une petite table », raconte le directeur.
Si au Cameroun Francis Ngannou était déjà un talentueux boxeur, il n’aurait pas réussi à faire carrière dans le haut niveau s’il n’avait pas a eu la possibilité de profiter des infrastructures en France pour bien se former. D’ailleurs, le journaliste Jean Bruno Tagne, lors d’une récente sortie a indiqué que c’est grâce aux infrastructures de Boxe en France que Francis Ngannou est devenu Champion du Monde de l’UFC aux Etats-Unis.
Mais avant de s’envoler pour les Etats-Unis, Francis Ngannou a travaillé comme bénévol. Un travail qu’il faisait avec plaisir et parallèlement, cherchait un club pour boxer. C’est ainsi qu’il va franchir la porte d’un club dans le 11e arrondissement, où il rencontre Didier Carmont, qui deviendra son mentor et meilleur ami. Ce dernier l’oriente vers le MMA, mais le Camerounais n’est pas très chaud. Khater Yenbou le convainc alors d’aller voir à la MMA Factory, qui se trouve juste à côté des locaux de l’asso. « Je suis allé voir le gérant, Fernand Lopez, pour lui expliquer son histoire. Dès qu’il l’a vu, il a fait « wahou »!
« Je combats contre un sort qui m’était destiné, une situation à laquelle j’étais condamné », déclarait Ngannou en 2018. Cette année-là, Francis Ngannou tente une première fois de ravir la ceinture mondiale à l’Américain Stipe Miocic.
Battu sur décision de l’arbitre, il a pris une éclatante revanche samedi, en lui infligeant cette fois un KO dévastateur dès le 2e round. « Si la salle de MMA s’était trouvée à 5 km de l’association, tout ça ne serait peut-être jamais arrivé », souligne Khater. Le destin se joue parfois en peu de choses.
Aujourd’hui, même s’il est une star de la MMA, Francis Ngannou n’oublie pas tous ceux qui l’ont soutenu et aidé. « Dès qu’il revient à Paris, il passe nous voir. En dehors de l’octogone, c’est quelqu’un qui a une voix très douce, qui écoute, qui pèse ses mots. Le fait qu’il revienne nous voir est la plus belle des récompenses pour l’association. Il prend des nouvelles, il est très attaché à nous. Il ne dit pas merci avec des mots mais avec des gestes », dit le directeur.
Le nouveau champion du Monde des poids lourds de l’UFC n’a pas oublié son pays natal non plus. En 2019, il a ouvert sa Fondation à Batié, pour permettre à tous les enfants de faire du sport. Khater Yenbou est admiratif. « Je ne suis pas fan de MMA, mais je suis fan de Francis. C’est quelqu’un qui continuera à faire de grandes choses ».
L’histoire de Francis Ngannou le nouveau roi des arts martiaux est celle d’un garçon né dans une famille très pauvre de Batié qui a dû arrêter l’école très tôt pour se lancer dans les petits boulots afin de survivre, avant de quitter son pays à l’âge de 26 ans pour venir en France, dans l’espoir de devenir un grand boxeur. Aujourd’hui, il a réalisé son rêve d’être sacré champion du Monde de l’UFC.
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