Le gouvernement français a ordonné à la ville de Paris de payer une amende en vertu d’une loi de 2012 visant à remédier au déséquilibre entre les sexes aux échelons supérieurs de la fonction publique du pays. La maire de la ville de Paris, Anne Hidalgo a jugé la décision «absurde».
La maire socialiste a annoncé au Conseil de Paris qu’elle irait régler l’amende en main propre au ministère de la Fonction publique. Elle invite les femmes de l’Hôtel de Ville à se joindre à elle.
Après avoir réussi à recruter 11 femmes pour occuper 16 postes parmi les plus importants de la ville – conformément à l’esprit d’une loi de 2012 visant à corriger les déséquilibres entre les sexes – elle a été condamnée à payer une amende de près de 90.000 euros au ministère de la Fonction publique la semaine dernière pour avoir nommé trop de femmes à des postes de direction.
Techniquement, la loi en vertu de laquelle la ville a été condamnée à une amende exigeait que pas plus de 60% d’un sexe soit nommé à des postes de haut niveau dans la fonction publique au cours d’une année donnée. La loi fixait pourtant jusqu’en janvier 2019 une représentation d’au moins 40% pour chaque sexe. Ironie du sort : cette mesure devait justement servir à promouvoir les femmes dans le monde du travail.
Mais Mme Hidalgo s’est retrouvée en infraction avec la loi parce qu’elle avait embauché en 2018 beaucoup trop de femmes.
« Aujourd’hui, je vais me réjouir que nous ayons été condamnés à une amende », a déclaré Mardi Hidalgo lors d’une réunion du Conseil municipal de Paris. «C’est avec une joie partagée avec beaucoup d’autres, que j’ai appris la semaine dernière que la ville de Paris devait payer une amende de 90 000 euros.» «Ce qui est très beau avec la bureaucratie, c’est qu’elle ne connaît absolument pas le discernement, et que donc elle ose tout», a-t-elle raillé. «Cette amende est évidemment absurde, injuste, irresponsable, dangereuse. Nous devons promouvoir des femmes avec détermination et rigueur car le retard partout en France est encore très grand», a-t-elle souligné. «Il faut accélérer le tempo et faire en sorte que dans les nominations il y ait plus de femmes que d’hommes», a jugé Anne Hidalgo.
Pourtant, Mme Hidalgo a déclaré que la décision «absurde» d’émettre une amende offrait une chance de résoudre les problèmes systémiques qui persistent dans toute la France, où le pourcentage de femmes dans les principaux postes de la fonction publique était d’environ 31% en 2018, selon les chiffres officiels. Mme Hidalgo, qui a été élue en 2014, est la première femme à diriger le gouvernement de la ville et elle a travaillé dur pour remédier aux déséquilibres de longue date dans la question de savoir qui représente les intérêts des Parisiens.
Le ministère en charge de la fonction publique française a constaté que depuis son élection, Paris a fait de grands progrès dans la correction des déséquilibres historiques. Dans l’ensemble du gouvernement de la ville, les femmes occupent désormais 47% des postes de direction.
«Oui, il faut promouvoir les femmes avec détermination et vigueur car l’écart, partout en France, est encore très grand», a déclaré Mme Hidalgo, 61 ans, socialiste qui a été réélue cette année pour un second mandat.
Dans sa campagne de réélection cette année, elle a parlé de faire de Paris une «capitale féministe» qui étendrait les services aux femmes et aux filles, notamment en matière de scolarisation, de santé et de soutien aux victimes de violence domestique.