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Football-Serey Dié: De la galère au succès, Tout sur son parcours émouvant.

La scène avait fait le tour des médias, l’image du milieu ivoirien Serey Dié en pleures à l’entame du match opposant la Côte d’Ivoire à la Colombie lors du mondiale avait défrayé les chroniques.Plus tard le joueur expliquera son comportement, affirmant que c’était lié aux émotions qu’il ressentait vu le chemin parsemé d’embuches qu’il avait traversé dans sa vie pour aujourd’hui représenter son pays à l’échelon mondiale. Et oui des difficultés, Serey Dié en a eu dans sa vie. Il a retracé son parcours depuis Abobo (Abidjan) jusqu’à Stuttgart en Allemagne, la vie de misères qu’il a traversée dans un entretien qu’il a confié au journal l’Équipe.
A 31 ans, le milieu défensif qui poursuit son aventure à Stuttgart depuis février 2015 n’a pas eu une vie facile, selon lui. C’est en Côte d’Ivoire, en 1998,  qu’il fait ses premiers pas dans l’univers du football, Geoffroy Gonzaroua Dié, se fait recruter alors dans un centre de formation. Il n’a que 14 ans. Malheureusement des problèmes financiers obligent les dirigeants à fermer le centre. Serey Dié se retrouve presqu’à la rue.

«Je vendais des trucs pour survivre, du pain, des cigarettes au feu rouge, je faisais « cabine téléphonique » (Taxiphone ambulant) .J’avais moins d’un euro par jour… Parfois, je passais deux jours sans manger. Le père ne vivait plus (il est mort en 2004 ), la mère n’avait qu’une petite pension donc je ne pouvais rien lui demander. Je devais me débrouiller seul. J’habitais même une chambre avec un toit inachevé… Quand il pleuvait, il fallait que je rentre mes affaires. Quand je m’entraînais, je pensais à mon matelas et à mes deux ou trois vêtements que je possédais qui allaient être mouillés en rentrant… Mais j’en voulais tellement…»

Avec hargne et abnégation, Serey Dié a continué de se battre. En 2006, l’opportunité d’une expérience internationale s’offre. Il tente sa chance avec un club de D1 à Tunis (Kram). Là également là difficultés seront omniprésentes.

«Il faisait froid, les gens n’étaient pas faciles avec moi, car je venais prendre la place d’un local. J’ai été mis à l’écart par des personnes influentes des vestiaires. Et j’ai reçu mon salaire, une seul fois en six mois. Il m’est arrivé de manger que du pain pour me caler le ventre avant d’aller dormir. Avant de rentrer en vacance en Côte d’Ivoire, les dirigeants m’ont donné RDV à l’aéroport, il m’ont promis de remettre mon argent. A ma grosse surprise il m’ont remis 200 euros. Je leur ai dit « Mais je vais donner quoi à ma famille avec ça »»

de retour au pays, sa famille à qui il explique sa mésaventure n’accorde aucun crédit à ses dires.

«Je suis rentré au pays et j’ai expliqué ma situation, mais mes frères ne m’ont pas cru. Ils pensaient que j’avais fait la fête et tout dépenser! Du coup, ils se sont fâchés, mais ma mère, qui pleurait souvent mon absence, a accepté de me voir encore. Heureusement… Pendant un mois en Côte d’Ivoire, j’étais la risée de tout le monde. Mes frères ne voulaient plus me voir, ma copine m’a quitté car elle m’a clairement dit que je lui faisais honte. Je ne pouvais donc pas rester…»

Kram, souhaite le faire revenir mais en D2, de plus le club exige que le joueur signe une annulation de dette. De plus il n’aurait pas de salaire.

«Je devais signer un papier pour dire que le club ne me devait plus rien. Ils m’ont dit « Tu n’auras pas de salaire, mais tu auras un logement et de la nourriture ». Je me suis dit, « vu ta situation, rejeté comme ça, vas y et tu montreras ce que tu vaux»

Mais malheureusement les choses ne se passeront pas comme prévu, Il résilie et connait à nouveau une nouvelle précarité sociale.

«Quand j’étais arrivé, la première fois en Tunisie, j’avais rencontré des compatriotes démunis et, avec mon salaire, je leur avais donné du savon, des sacs de riz, etc. Je suis allé les revoir. C’était devenu mon abri. Un entraîneur m’a alors parlé d’un contrat en Libye. Je n’avais pas le visa, mais le gars m’a dit qu’il n’y aurait pas de souci. Arrivé à Tripoli, j’ai été rapatrié illico à la douane et je me suis retrouvé le seul passager dans l’avion du retour !»

Sans club, avec des conditions de survie plus que difficiles, Serey Dié continue de s’accrocher à sa passion.
«Je m’entraînais le matin et je faisais parfois la plonge le soir dans des restos. Je suis resté en Tunisie dans la misère totale, je ne mangeais parfois pas de la journée, je pleurais tout seul, je pensais à ma mère, à mon père…  »

Lueur d’espoir en Algérie
Cherchant voies et moyens pour s’en sortir, Serey Dié se souvient d’un contact qui lui avait promis un essai du coté de l’Algérie, précisément à Setif
« J’avais conservé un contact avec un monsieur qui m’a assuré avoir un essai pour moi à Sétif (D 1), en Algérie. J’y suis allé en taxi, il faisait froid, c’était en décembre (2007)… Ce jour-là, le directeur sportif m’a parlé : “C’est toi qui viens pour le test ? On n’a pas besoin de toi ! On va te mettre avec les gamins au centre. Puis je vais te payer ton taxi pour repartir.’’ Le lendemain, je m’entraîne quand même avec les remplaçants et les jeunes. Et j’ai tout cassé !
J’ai vu le directeur sportif qui appelait le président au téléphone sur le bord de la touche pour lui dire de venir me voir… Ils ont voulu discuter. Un dirigeant est venu : “Vous, les Blacks, vous vous montrez au début et après on ne vous voit plus ! Alors je te donne six mois de contrat et on verra.’’ J’ai été replacé milieu défensif et je change tout dans l’équipe. Les supporters inventent même une chanson en mon nom ! »
Les clignotants sont alors au vert, une bel avenir se dessine pour Serey Dié.

Il ne terminera pas l’année 2008, avec l’Entente Sportive de Setif car le FC Sion (Suisse) vient le chercher et ce fût le début d’une forte ascension jusqu’à ce jour.
« J’avais vingt-quatre ans, quand Sion venu pour superviseur un joueur de l’ES Setif opte pour moi, en 2008!». La suite sera heureuse.  « J’ai franchi tous les échelons, Bâle, Stuttgart, CAN, Coupe du monde… C’est pour tout ça que j’ai pleuré pendant les hymnes lors de la Coupe du monde 2014, je me retrouvais à côté de Drogba, Yaya, Zokora… Ces gens que je voyais à la télévision… Tous mes sacrifices sont revenus en mémoire. C’est cette vie qui m’a donné mon énergie. Rien ne m’a été donné gratuitement, je ne suis pas milliardaire, mais je n’envie personne. Quand je suis sur le terrain, je pense à tout ce que j’ai enduré… »

Celui que les ivoiriens ont surnommé le « pleureur des éléphants » affirme ne plus en vouloir à ses frères. Il estime être heureux d’avoir offert à sa mère un toit dont il rêvait depuis belle lurette.

« J’ai pardonné à mes frères et peut-être que s’ils n’avaient pas été aussi méchants avec moi, je ne me serais pas autant battu. Dieu m’a donné cette force d’avoir ce que j’ai. Et ma mère ne regrette pas de m’avoir accouché. Elle a mis un homme au monde. Je suis fier de ça, je lui ai construit sa maison, dans son village. J’ai même fait une fête qui réunissait les dix villages avoisinants : elle était fière. Moi aussi. J’ai rendu ma maman heureuse, je peux mourir aujourd’hui. Je suis un homme heureux. » 

Source: L’Equipe

 

 

Hippolyte YEO

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