La chloroquine, molécule utilisée dans le traitement du paludisme, a donné des résultats encourageants lors d’études pour traiter le coronavirus. Il est toutefois encore un peu trop tôt pour s’emballer.
“Finalement, c’est probablement l’infection respiratoire la plus facile et la moins chère à soigner de toutes les infections virales”. Alors qu’un premier Français est mort de l’épidémie de coronavirus, Didier Raoult, directeur de l’Institut Méditerranée infection, à Marseille, a publié une vidéo mardi 25 février où il vante les mérites de la chloroquine, un médicament traditionnellement utilisé pour le paludisme, afin de traiter ce nouveau virus.
La chloroquine est une substance de la famille amino-4-quinoléines. On l’utilise pour soigner les personnes souffrant de polyarthrites rhumatoïdes, de lupus érythémateux, de lupus systémiques et de lucites, mais surtout du paludisme. Elle permet de tuer les schizontes, les organismes unicellulaires responsables de cette maladie.
Le 19 février, des résultats d’essais cliniques parus sur le site de la revue BioScience Trends et menés sur 100 personnes réparties dans dix hôpitaux chinois depuis le début de l’épidémie de Covid-19 ont renforcé cet espoir. En effet, trois chercheurs de l’école de pharmacie de l’université et de l’hôpital de Qingdao (Chine) déclarent avoir mesuré “l’efficacité de la chloroquine sur le traitement de pneumonies associées au Covid-19”.
“Les résultats obtenus jusqu’à présent sur plus de 100 patients ont démontré que le phosphate de chloroquine était plus efficace que le traitement reçu par le groupe comparatif pour contenir l’évolution de la pneumonie, pour améliorer l’état des poumons, pour que le patient redevienne négatif au virus et pour raccourcir la durée de la maladie (…) Les capacités antivirales et anti-inflammatoires de la chloroquine pourraient jouer dans son efficacité potentielle à traiter des patients atteints de pneumonies provoquées par le Covid-19”, écrivent les chercheurs.
Pour le microbiologiste Didier Raoult, cette étude montre l’efficacité de la chloroquine contre le Covid-2019 qui, selon les dernières estimations en date, a fait 2 761 morts et infecté plus de 80 000 personnes dans le monde depuis son apparition en décembre.
“On attendait qu’il y ait des essais cliniques qui rapportent l’efficacité que l’on préjugeait. Maintenant, c’est fait. On a tous les éléments. Il y aura peut-être des ajustements sur la dose qu’il faut donner et le temps pendant lequel il faut administrer le médicament”, a déclaré le spécialiste sur Franceinfo mardi 25 février.
Autrefois très efficace contre le paludisme, la molécule a finalement été abusivement prescrite, sous forme de Nivaquine et de Savarine, qu’une forme résistante de paludisme a fini par se développer. Au point de susciter des en 2006, des conclusions négatives de la part de l’OMS à la faveur d’une étude.
“La chloroquine est désormais dénuée d’efficacité presque partout dans le monde (…) Entre 1999 et 2004, on a donné de la chloroquine à 95% des petits Africains souffrant de paludisme, alors même que le médicament ne guérit plus que la moitié des cas de paludisme dans de nombreux pays”, écrivait l’organisation.
Jusqu’à cette date, l’OMS se retient toujours de se prononcer sur des pistes de traitement contre la maladie. Et, ses recommandations restent les mêmes.
Pour se protéger contre le coronavirus, l’Organisation conseille de se laver fréquemment les mains, surtout après avoir pris le métro ou après s’être mouché, de se couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude ou un mouchoir en cas de toux ou d’éternuement et d’éviter les contacts proches avec les personnes malades ainsi que de se toucher les yeux, le nez et la bouche.