Dossier-WAGNER Group / Pourquoi la société paramilitaire russe fait-elle si peur aux Occidentaux ?
Wagner, voilà un nom que les Etats-Unis et les Occidentaux ont tellement popularisé qu’il faille bien chercher à comprendre pourquoi. Depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine et des changements anticonstitutionnels en Afrique de l’ouest ces derniers temps, il ne se passe un jour sans que les Occidentaux ne ressassent le nom Wagner. Qui est Wagner et pourquoi fait-il trembler l’ours occidental ?
C’est l’épouvantail par excellence de l’Occident : Wagner. Le groupe paramilitaire russe qui n’a en principe rien de spécial comparativement aux sociétés militaires privées dans le monde, fait jaser. On en est à se demander ce que font exactement ces Russes pour que le bloc occidental en ait une telle phobie.
La dernière sortie paranoïaque date de fin décembre 2022. La Maison-Blanche a livré jeudi 22 décembre un sérieux avertissement contre la montée en puissance du groupe paramilitaire russe Wagner, qui est selon elle « rival » de l’armée régulière russe en Ukraine, et qui reçoit désormais de l’armement de Corée du Nord.
« La Corée du Nord a fait une première livraison à Wagner, qui a payé pour ces équipements. Le mois dernier, (elle) a livré en Russie des obus et des missiles destinés à Wagner », a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de l’exécutif américain.
Les États-Unis estiment que Pyongyang « envisage de livrer plus d’équipement », a-t-il déclaré lors d’un entretien avec des journalistes. Le porte-parole a par ailleurs estimé qu’en ce moment Wagner comptait 50 000 hommes déployés en Ukraine, dont 10 000 mercenaires et 40 000 recrutés dans les prisons russes.
De sorte que des mesures coercitives supplémentaires des États-Unis vont être prises contre Wagner « dans les prochaines semaines » des mesures supplémentaires, a indiqué John Kirby tout furieux. « Il est évident pour nous que Wagner est en voie de devenir une puissance rivale de l’armée russe régulière et d’autres ministères russes », a encore indiqué le porte-parole, en assurant que l’influence au Kremlin du chef du groupe, Evgueni Prigojine, était en train d’« augmenter ».
De son chef actuel, les Américains estime qu’Evgueni Prigojine, n’a « aucune considération pour la vie humaine », et « envoie des hommes russes à la boucherie à Bakhmout », ville du front où les combats font rage.
Avant les Etats-Unis, les Français n’y sont pas allés de main morte, accusant les soldats de Wagner de tous les péchés d’Israël. Prétextant la collaboration des autorités de Transition du Mali avec Wagner, la France a quitté le pays. Admonestant au passage et Wagner et les autorités de transition. Soutenue par ses partenaires européens dont la Grande-Bretagne, la France a adoubé un rapport de Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), un projet de collecte, d’analyse et de cartographie de crise de données désagrégées.
Crée par Clionadh Raleigh, professeur de violence politique et de géographie à l’Université du Sussex, en 2005 dans le cadre de son travail de doctorat, l’ACLED, n’est pas tendre avec les hommes d’Evgueni Prigojine.
« Le groupe Wagner se livre à un niveau élevé de ciblage des populations civiles, aussi bien au Mali qu’en RCA. Les actions où des civils sont pris pour cibles représentent 52% et 71%, respectivement, des faits de violence politique commis par le groupe Wagner en RCA et au Mali. Dans les deux cas, ce taux est supérieur à celui des actions ciblant des civils attribuées aux forces étatiques alliées ou aux groupes rebelles évoluant au sein du même contexte.
Fondée par Dmitri Outkine, un ancien du GRU [renseignement militaire] et par Evgueni Prigojine, surnommé le « cuisinier de Poutine », le groupe Wagner permet à la Russie d’étendre son influence en Afrique, par un tour de passe-passe qui hérisse les poils en Occident.
En Libye, au Mozambique, en Centrafrique et au Mali, Wagner fait ses preuves. La société paramilitaire russe donne le coup de main utile aux armées africaines pas encore habituées à la guerre asymétrique que comporte l’activité terroriste. Et malgré le storytelling de l’Occident et son dénigrement systémique, les terroristes ne sont plus forcément à l’aise dans ces endroits. Ils sont même obligés désormais de mener des actions sporadiques et fuir. Il est de plus en plus rare de les voir occuper des villes en permanence.
Le Burkina Faso qui demande à la France de retirer ses soldats pourrait s’ajouter prochainement à cette liste de pays africains qui traitent avec Wagner au détriment des armées occidentales dont les limites ont été vues.
Wagner en Afrique comme partout dans le monde, c’est un autre regard sur ce qui se passe dans le sous-sol africain. Surtout comment tout ce flux est géré et avec quels partenaires. C’est ce que l’Occident refuse de dire à son opinion nationale.
L’Afrique a été pendant longtemps la chasse-gardé de l’Occident et le regain d’intérêt de la Russie et la Chine pour le continent dérange fortement les plans de l’Occident, habitué à ne pas compétir pour asseoir sa domination sur les richesses africaines. Comment mâter ces Africains qui veulent rediscuter les contrats léonins signés dans le noir sans avoir la riposte d’un groupe militaire tout aussi puissant. Voilà ce qui fâche en Occident.