Incontestablement, il occupe la scène médiatique plus que tout autre homme politique depuis près d’un mois: Vladimir Poutine. Le président de la Fédération de Russie est sur toutes les lèvres. Son offensive en Ukraine le met sous les feux de la rampe. Partout, on ne parle que de lui. La presse occidentale le dépeint sous des traits très dépréciatifs. Mais qui est vraiment Vladimir Poutine ? Comment est-il parvenu à diriger le Kremlin ? Pendant une semaine, AfrikMag vous fera un portrait de l’homme tiré du portrait fait par le diplomate Vladimir Federosvki.
Vladimir Poutine vu par un diplomate russe qui n’est pas forcément un fan de l’homme fort du Kremlin. Un portait qui pour autant se fonde sur des éléments appréciables et fort documentés. C’est la trame du roman « POUTINE, l’itinéraire secret« , écrit par le diplomate russe, Vladimir Féderovski. Né à Moscou en 1950, Vladimir Féderovski est un diplomate qui a vécu directement les changements en URSS. Il fait partie des promoteurs de la Pérestroïka.
Il a écrit une trentaine de livres dont Le Fantôme de Staline ». Il donne des détails croustillants sur les premiers pas de Poutine dans la vie active jusqu’à sa prise de pouvoir en 1999. Son livre, sorti en 2014, lève un coin de voile sur la vie de Vladimir Poutine. Si la personnalité de Vladimir Poutine intrigue, c’est bien parce que l’ex-espion du KGB est insaisissable. Selon le diplomate, des évènements historiques ont façonné la personnalité de Vladimir Poutine.
De Poutine, l’ancien maire de Saint-Pétersbourg, Anatoli Sobtchak disait que, « C’est un homme taciturne, efficace, très loyal… sur le plan personnel (…) Ce n’est pas l’archétype de l’agent secret, c’est un personnage à part ! Rien à voir avec la caricature de l’espion du KGB ». Poutine et tout un programme, un homme qui a été très tôt marqué par « trois éléments fondamentaux », selon Anatoli Sobtchak. Ils vont jouer sur son esprit tout le temps et lui forger un destin.
Le diplomate Féderovski énumère ces évènements: l’assassinat de Serguei Kirov, le siège de la ville de Leningrad et l’esprit de Saint-Pétersbourg. Comment ont-ils agi sur la conscience du jeune Vladimir Poutine, vivant dans un quartier mal famé avec son père et sa mère ?
Serguei Kirov a été assassiné en décembre 1934. Il était considéré comme l’héritier de Staline. Le père de Poutine militait à cette époque dans la parti. Alors que la version officielle de la mort de Kirov parle d’un meurtre commis par des Trotskistes, des informations sorties après sous le régime de Khroutchev, impliquent Staline lui-même. Staline aurait tout orchestré, pour éliminer ses potentiels concurrents. Puisque derrière une épuration sanglante s’abattit sur le parti.
A en croire Anatoli Sobtchak, c’est « cet épisode qui déclencha l’intérêt du jeune Poutine pour l’histoire de la période stalinienne ». Deuxièmement, la conscience politique de Poutine est fille de l’histoire du siège de Léningrad entre 1941 et 1944. Pendant ces trois années de la seconde Guerre Mondiale, la ville vécut une souffrance inimaginable. Un siège de l’armée d’Hitler, qui causa la mort d’au moins 1 million de Russes, morts de famine et de froid. Après la siège, les destructions, la ville a été reconstruite par ses habitants au millimètre près.
« Cette renaissance de la cité et du prestige pétersbourgeois devait frapper l’imagination du jeune Vladimir et renforcer chez lui un sentiment de singularité, d’autant que son père avait lui-même réchappé au blocus ». Vladimir Poutine se souvient que son père, un ancien espion du NKVD ( ancêtre du KGB ) a passé de longs moments dans des eaux de marais, respirant à l’aide d’un roseau creux, pour échapper aux soldats allemands.
Troisièmement, Poutine est fasciné par l’architecture et l’histoire même de la ville de Saint-Pétersbourg. Poutine humait l’air de cette ville, d’après le diplomate Féderovski. Il s’y plaiait, s’y abandonnait en pensant surtout à ceux qui sont considérés comme ses figures tutélaires historiques. A savoir Catherine II, Alexandre 1er, Pouchkine, Tourgueniev et des personnes comme Kirov et Sobtchak » amoureux passionnés de la Russie ».
Les ressorts psychologiques de l’homme fort du Kremlin viennent de là. Celui qui s’est dépeint comme « une racaille » dans son livre « A la première personne » publié en 2000 à Moscou, est un passionné de son pays. En essayant de redonner à la Russie son lustre d’antan, Vladimir Poutine est en mission… A demain, pour comprendre comment il a pu sortir d’une situation d’enfant de la rue…