Djibouti profite de sa position stratégique sur l’une des routes commerciales les plus fréquentées du monde pour construire la plus grande zone de libre-échange d’Afrique. La nation de la Corne de l’Afrique contrôle le Bab el-Mandeb (« Porte des larmes » en arabe) qui est un point d’étranglement crucial à l’entrée de la mer Rouge et du canal de Suez depuis l’océan Indien.
Le Bab el-Mandeb est la quatrième route maritime la plus fréquentée au monde, empruntée par quelque 30 000 navires chaque année. Par ailleurs, après la guerre entre l’Éthiopie et l’Érythrée, Djibouti est devenu une porte d’entrée pour 90 % des importations éthiopiennes, un volume d’échanges qui représente 90 % du trafic portuaire de Djibouti.
En 2018, Djibouti, faiblement peuplé, a lancé la première phase du projet qui comprend un site de 240 hectares (593 acres). L’année précédente, le pays avait inauguré trois nouveaux ports et une voie ferrée le reliant à l’Éthiopie, pays enclavé, dans le cadre de sa volonté de devenir une plate-forme commerciale et logistique mondiale.
Cette initiative de 3,5 milliards de dollars soutenue par la Chine s’étendra sur 4 800 hectares et une fois terminée elle deviendra la plus grande zone de libre-échange du continent.
« Le volume des marchandises qui voyagent vers l’Afrique de l’Est ne cesse d’augmenter. Chaque fois qu’un produit arrive sur le continent sans avoir été transformé, c’est une occasion manquée pour l’Afrique », a déclaré Aboubaker Omar Hadi, président de l’Autorité des ports et des zones franches.
« (Djibouti) vise à devenir une porte d’entrée non seulement vers l’Éthiopie, mais aussi vers le sud du Soudan, la Somalie et la région des Grands Lacs. Cette nouvelle zone franche sera le premier réservoir d’emplois du pays, avec plus de 15 000 emplois directs et indirects créés », a-t-il ajouté.
Le projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative chinoise « Une ceinture, une route » visant à développer les routes commerciales et une série d’infrastructures dans 60 pays. Il est construit par le plus grand opérateur portuaire public de Chine, Dalian Port Corporation Limited.
Les opérations du port seront gérées conjointement par l’Autorité des ports et des zones franches de Djibouti et trois entreprises chinoises : China Merchants Holdings, Dalian Port Authority et la grande société de données IZP.
Selon Reuters, l’accord prévoit que la zone traite 7 milliards de dollars d’échanges commerciaux en deux ans. En outre, Djibouti va créer un système douanier unifié avec la Chine, établir un centre de commerce de transit et mettre en place un système de compensation des devises.
Au moins 21 pays ont signé pour opérer dans la zone, qui offre des incitations fiscales aux investisseurs. Les activités portuaires à Djibouti représentent environ 70 % du PIB du pays.
Outre l’expansion du port, ce petit pays d’Afrique de l’Est abrite des bases militaires chinoises et américaines. Le Royaume-Uni, la France, le Japon et l’Arabie Saoudite y ont également des installations militaires. La location de terrains pour les installations militaires est également une source majeure de revenus pour le gouvernement djiboutien.
Washington paie 63 millions de dollars par an pour un bail de 10 ans dans la région, tandis que la Chine paie 20 millions de dollars par an, en plus d’autres investissements.
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