Dans les jeux-vidéos, comme dans la vraie vie, la Tortuga fascine
Parmi les jeux-vidéos à succès, plusieurs situent leur action au cœur de la flibusterie et de la piraterie des Caraïbes, au cours de son âge d’or, aux XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècle, avant que les traités maritimes internationaux n’y mettent un terme. L’île mythique de ces activités clandestines et hors-la-loi est aussi le nom du célèbre Casino Tortuga en ligne qui prend le nom espagnol originel de l’île de la Tortue.
Le joueur averti aime faire la distinction, entre la part de fiction et la trame historique authentique de ces hauts-lieux, farouchement disputés, entre les empires.
Les sources historiques des jeux-vidéo
On est souvent fasciné par le grand professionnalisme des créateurs de jeux-vidéos comme de séries sur les grandes plateformes de streaming, comme Netflix et d’autres.
Dans Assassin’s Creed IV : Black Flag, créé en 2013, produit par Martin Schelling, avec, pour directeur de mission, Ashraf Ismaïl, l’accent est très vite porté sur la vision historique la plus précise que possible. C’est le sixième volet de la série Assassin’s Creed. Le joueur qui saisit les manettes entre dans le personnage d’un analyste de recherche, qui explore la véritable histoire d’Edward Kenway, corsaire britannique d’origine galloise, devenu pirate et membre des West Indies, ainsi que de la Fraternité Anglaise des Assassins. Par la naissance de son fils Haytam, Kenway sera à l’origine d’une longue lignée de personnalités, jusqu’à Desmond Miles, ayant juré allégeance aux Assassins.
Rompre avec les images d’Épinal de Pirates
Dès qu’il s’est embarqué dans cette aventure, Ashraf Ismaïl tient absolument à se départir de toutes les images stéréotypées associées aux pirates. Cela concerne l’ajout systématique de perroquets sur l’épaule du marin, les monstres du type kraken, cette sorte de pieuvre géante qui s’est invitée dans cette mythologie, ou le fameux supplice de la marche sur la planche, au risque que l’accusé ne finisse au fond de l’océan dévoré par les requins.
8 studios concertés pour restituer cette période trouble
Ubisoft de Montréal a collaboré avec 7 autres studios du monde entier pour parfaire le panorama de ce jeu hyper-réaliste : l’un se situait à Singapour, un autre à Sofia (Bulgarie), Annecy et Montpellier (France), Québec, non loin du siège de l’opération, Kiev en Ukraine et Bucarest, capitale de la Roumanie. Chaque studio s’est concentré sur une séquence importante du jeu et l’enchaînement de ses différents éléments.
Les conseils d’un historien sur l’histoire générale des Pirates
L’écrivain Darby Mc Devitt, qui a rédigé la trame générale de plusieurs des épisodes, s’est appuyé sur l’Histoire Générale des Pyrates (avec cette orthographe), de 1724, attribué au Capitaine Charles Johnson, qui semble avoir été le nom de plume d’un écrivain de Londres. Une seconde source est celle publiée plus récemment, sous le titre de La République des Pirates, (sous-titre : être l’histoire vraie et surprenante des pirates des Caraïbes et de l’homme qui les a fait tomber , Harcourt, 2007) par Colin Woodard. Cet auteur, très bien documenté, a mené une mission de consultant auprès des scénaristes du jeu, de façon à les guider dans leur cheminement réaliste, afin de recréer le climat de l’époque et l’atmosphère des lieux.
Ajoutons qu’on doit aussi la mise dans l’ambiance au compositeur de la bande originale : Brian Tyler, également auteur de Call of Duty : Modern Warfare 3, Far Cry 3, Army of Two : The Devil’s Cartel, Need For Speed : The Run et Iron Man 3.
L’île de la Tortue, centre majeur et pointe avancée de la Piraterie
Aujourd’hui, l’île de la Tortue est, essentiellement, un site touristique, du fait de son passé fascinant et de ses références comme le principal centre de l’activité de la piraterie, il y a trois siècles.
Christophe Colomb lui-même lui confère son nom, du fait de l’apparence de carapace de tortue qui la caractérise.
Frères de la côte, grands consommateurs d’eau-de-vie et de tabac
C’était le point de ralliement des Frères de la côte, véritable confrérie anarchiste avant même l’existence de ce mouvement en Europe. Tous les parias des mers s’y retrouvaient.
En septembre 2004, on a même cru à la disparition sous les eaux de l’île toute entière, lors d’un terrible ouragan. Cette île se situe au milieu des “îles du Pérou”, tel qu’on dénommait alors les Antilles. Comme ce nom l’évoque, l’enjeu des empires prétendants, Français, Anglais ou Hollandais, était de s’approcher au plus près de ce rêve d’Eldorado que suscitait l’Amérique Centrale et du Sud, alors entièrement aux mains des Espagnols et des Portugais.
Les pirates deviennent des mercenaires au service de ces différents états, qui ne peuvent autrement accéder aux richesses que possèdent leurs rivaux du sud-ouest de l’Europe.