Côte d’Ivoire/ Rupture Laurent Gbagbo Simone Ehivet : Quel avenir politique pour le FPI ?
La volonté de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, de se séparer de son épouse Simone Gbagbo, numéro 2 de ce parti en l’absence de feu Sangaré Aboudramane, ne fragilisera-t-il pas davantage l’ancien parti au pouvoir, miné par des querelles de leadership entre deux franges ?
L’ancien Président Laurent Gbagbo, qui a fini par regagner la Côte d’Ivoire le 17 juin 2021, prend date avec l’histoire, en s’engageant dans une procédure de divorce aux conséquences incalculables et incertaines pour l’avenir politique de son parti, le Front Populaire Ivoirien. En effet, dès son arrivée à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, des gestes de Laurent Gbagbo ont tout de suite confirmé les bruits sur le malaise profond entre son épouse et lui.
Ce qui était de l’ordre des rumeurs a même été confirmé par plusieurs vidéos amateurs publiées sur les réseaux sociaux. Et puis, c’est le coup de tonnerre le lundi 21 juin, quand un communiqué exprimant la volonté de Laurent Gbagbo de rompre avec son épouse, a inondé les réseaux sociaux une énième fois. L’onde de choc a été telle que beaucoup croyaient à un canular. Pour des Ivoiriens et surtout au FPI, c’est l’heure des questionnements sur l’opportunité et les dangers de ce divorce retentissant. Que va-t-il se passer ensuite ?
En effet, cette décision de l’ancien président tombe à un moment où son parti, le FPI, est dans la tourmente. Avec la crise née en 2014, une scission entre la frange Affi N’guessan et celle dirigée par Gbagbo himself ) a fait assez de mal. Des militants désorientés qui ne savent plus où pas de quel côté se trouve au juste la vérité et la raison; des cadres divisés en pro-Affi et Pro-Gbagbo et une gestion dilettante de la crise post-électorale de 2020, ont fini par fragiliser le FPI. Les résultats aux législatives du 6 mars 2021 montrent le net recul du FPI, en ses tendances confondues.
C’est dans un tel contexte qu’intervient la rupture, somme toute brutale, entre Laurent et Simone. Or des premières remontées d’informations sur le terrain, ce divorce ne passe pas. Laissés sans explication, des militants et militantes du FPI, qui ont fait du don de soi de Simone Gbagbo leur boussole, l’attitude de Gbagbo est vécue comme une trahison. Trahison d’une femme qui aura consacré sa vie à une cause politique et à l’homme qui incarnait ses idéaux. Et ils sont déterminés à faire payer cette « ingratitude » à Laurent Gbagbo, par tous les moyens.
Assurément, l’ouverture d’un troisième front au FPI pourrait détruire ce qu’il reste de cohésion dans ce parti. Parce que déjà des cadres et non des moindres qui se disent proches de Simone Gbagbo, ont commencé à se déclarer et à lui apporter leur soutien ouvertement. Ses soutiens à l’intérieur du FPI ne sont pas aussi négligeables. Ils peuvent et vont se déclarer au moment opportun. Malgré l’aura de Gbagbo, le FPI pourrait ne pas faire l’économie d’une énième crise. Ce serait quasiment l’implosion. Avec des conséquences imprévisibles. Une femme blessée, qui demeure une grande femme politique, peut contre-attaquer là où personne ne l’attend.
Mais si Laurent Gbagbo a pris cette décision historique, il a certainement du en mesurer toutes les conséquences. Il sait que son parti joue gros à un moment où la démoralisation prend le pas sur l’engouement des premières années de sa gouvernance. « L’animal politique » qui s’est toujours sorti des situations difficiles est encore à l’épreuve. L’avenir du FPI est en jeu.