Côte d’ivoire: révélations d’un professeur sur les 789 corps examinés lors de la crise post-électorale de 2011
L’audition des témoins de la défense a débuté, jeudi 10 novembre, avec la comparution du médecin légiste le professeur Yapo Hélène. Cette dernière est venue expliquer devant la barre, le rapport qu’elle avait produit lors de la crise post-électorale de 2011.
Ce médecin légiste a produit un rapport circonstancier sur 789 corps qu’elle a examinés. Hélène Yapo a fait savoir clairement qu’elle a été incapable de certifier la date exacte des morts.
«Non nous n’avons pas pu certifier les corps, parce que nous n’étions pas sur les lieux. Nous n’étions pas à mesure de dater les corps,» a-t-elle indiqué.
Mais une chose était certaine, a en croire Hélène Yapo: « Les 789 corps examinés sont des morts violentes et pour l’ensemble des cas par arme à feu. »
Le professeur ajoute par ailleurs que « le maximum des corps examinés étaient ramassés dans les rues et certains dans les cours. »
Au juge de lui demander « Est-ce que selon vous ces corps pourraient provenir d’une autre situation autre que la crise post-électorale ? »
«Les constatations n’ont pas pu déterminer l’origine des morts. Les morts sont dans un camp voisin avec les circonstances de la crise post-électorale,» a répondu le Médecin au juge Boiqui Kouadjo.
Nos confrères de koaci indiquent que le professeur Yapo Hélène a fait savoir que « Sur les corps examinés 373 ont été tués par arme à feu dont 173 civiles, 41 FDS, 46 FRCI, 3 vigiles 110 non précisés. Les ethnies concernées étaient Adjoukrou 5 corps, Agni 7 corps, Ahizi 1 corps, Baoulé 26 corps, Bété 29 corps, Malinké 114 corps, Tagbana 7 corps, Yacouba 4 corps, Sénoufo 38 corps etc. »
Mais pour le Procureur général, sur les 300 cas, plus de la moitié des corps étaient des personnes originaires du Nord de la Côte d’Ivoire, notamment Senoufo 38 cas et Malinké 114 cas.
Dans la suite des explications, le Professeur a fait savoir que les consultations ont été faites sur des résidus calcinés et que les balles et des éclats ont été extraits de certains corps examinés.
La Défense pour sa part, a demandé au médecin légiste les missions précises qui lui avaient été assignées.
Selon elle, il s’agissait entre autres de décrire les cadavres, prélever des échantillons, prélever tout corps étranger, déterminer la cause des décès.
La Défense a par ailleurs relevé que le rapport n’était pas daté, ce que le Médecin a reconnu.
«Il n’est pas daté. Mais nous n’avons pas manqué de mentionner à la dernière page que le 21 avril 2012 nous avons fait des examens, » s’est-elle justifiée.
Face à cette question de la Défense, Yapo Hélène a avoué que les corps étaient identifiés par les noms, la connaissance visuelle des familles. Enfin, elle a rappelé que les dates qui étaient prises en compte dans le rapport sont du 27 janvier au 11 février 2011 et du 29 avril au 22 août 2011.
La Défense n’a pas caché sa joie en ce sens que ces dates ne correspondent pas avec les décès des femmes d’Abobo, de l’attaque du marché de Siaka Koné et de la marche de la RTI. Et elle reste convaincue que ces corps n’ont pas fait l’objet d’examen alors que ce sont pour ces faits que l’ex-Première dame est poursuivie.