Côte d’Ivoire : le retard des pluies fait craindre une crise alimentaire dans le pays
Les agriculteurs et éleveurs de Côte d’Ivoire sont dans le désarroi. Une rareté inhabituelle des pluies observée dans le pays depuis le début de l’année, suscite des inquiétudes chez les acteurs de la filière. Le site d’information scientifique scidev.net rapporte des conditions difficiles auxquelles ils font face.
« Normalement, en mars, on a les pluies. Cette année, ce n’est pas le cas. Les pépinières sont endommagées, l’eau a tari. Pour le manioc et le maïs, à 85% c’est le désastre« , déplore auprès du media, Alain Séhi, président d’une coopérative rizicole à Facobly dans l’Ouest montagneux. Selon ses explications, la première pluie de l’année est tombée le 25 mai 2021, contrairement aux années précédentes où l’on avait les premières pluies en février ou mars.
« Au moment de l’épiaison, c’est-à-dire de l’éclosion des grains de riz, encore appelée accouchement, il faut de l’eau. C’est une opération sensible. Cette année, l’eau des bas-fonds a tari, ça va jouer sur la production, les grains de riz seront vides et il y a de fortes chances qu’il y ait un problème de nourriture » explique Alain Séhi.
Même constat observé à Duekoué où les acteurs du vivriers s’insurgent du même déficit pluviométrique.
Les éleveurs subissent également la rareté des pluies en Côte d’Ivoire. Une situation qualifiée de « jamais vue » par Bocoum Moussa, président par intérim des éleveurs de la région du Tchologo (Ferkéssedougou, Nord). « Les points d’eau qui servent d’abreuvoir et les barrages sont tous vides. La sécheresse a trop duré cette année. À cause du retard de la pluie, nous avons subi plusieurs dégâts; jusqu’à présent on est en retard et il y a beaucoup de pertes d’animaux« , témoigne ce responsable de la filière bétail.
Cependant, à en croire Diomandé Beh, spécialiste en hydroclimatologie et environnement à l’université Alassane Ouattara de Bouaké, «on aura un trimestre juin à août avec des pluies qui provoquent des inondations mais sans impact réel sur les cultures et les plantes», comme le rapporte le site d’information scientifique scidev.net.
« Le monde agricole ne profite que des pluies bien réparties dans l’année plutôt que des pluies sur une courte période avec des conséquences néfastes. Le paysan ne fait qu’une agriculture essentiellement sous pluie. Cette année, la campagne agricole est menacée, créant une insécurité alimentaire« , explique l’universitaire.