Côte d’Ivoire: La mission de l’ONU (ONUCI) quitte le pays après 13 ans de présence.
Arrivé en Côte d’Ivoire dans les heures les plus chaudes de la crise politco-militaire qui frappait le pays depuis 2002, l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) s’est achevée vendredi 30 juin, après 13 ans d’existence.
Antonio Guterres, le nouveau secrétaire général de l’ONU, « félicite le peuple et le gouvernement de Côte d’Ivoire pour leur détermination et leurs efforts visant à tourner la page de la crise et du conflit », a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric. « Il salue la contribution considérable de l’ensemble des partenaires nationaux, régionaux et internationaux au processus de paix ivoirien. » Les agents de l’Onuci ont « contribué au retour et au maintien de la paix » dans le pays, a pour sa part affirmé le ministre ivoirien de l’Intérieur Hamed Bakayoko, soulignant que la « mission a été un vrai succès« .
Malgré le redressement rapide de la première puissance économique d’Afrique de l’Ouest francophone, le retrait des casques bleus suscite les craintes des mouvements de défense des droits de l’Homme, qui regrettent que la lutte contre l’impunité et la réforme d’une armée sujette aux soulèvements n’aient pas été menées à leur terme.
Cette opération des Nations Unis en Côte d’Ivoires avait succédé en 2004 à la force de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’armée française. À son apogée en 2012, la mission comptait 9 762 hommes et a permis la tenue, fin 2010, d’un scrutin présidentiel remporté par Alassane Ouattara, toujours au pouvoir.
Selon un rapport, publié en avril 2016, du secrétaire général de l’ONU de l’époque Ban Ki-moon, aucune autre mission ne succédera à l’Onuci « étant donné la trajectoire positive de la Côte d’Ivoire »
Craintes de nouveaux troubles
Au vu des mutineries qui ont eu lieu récemment, certaines craintes pourraient naître. Pour plusieurs observateurs, il est clair que le pouvoir en place n’était pas parvenu à rétablir l’ordre dans les rangs de l’appareil militaire, et l’on s’inquiéterait de ce que l’élection présidentielle de 2020 ne relance l’agitation.
« L’insuffisance des progrès réalisés par le gouvernement pour lutter contre la culture de l’impunité de longue date, réformer les forces de sécurité et renforcer les institutions de l’État de droit menacent les perspectives de paix et de développement à long terme du pays« , a averti l’ONG Human Rights Watch (HRW).
« Le gouvernement de la Côte d’Ivoire est désormais seul responsable de la gestion des défis en matière de droits humains qui menacent la stabilité à long terme (…) Cela signifie lutter contre l’impunité et traiter les causes profondes des tensions ethniques et politiques », ajoute Jim Wormington, chercheur d’HRW pour l’Afrique de l’Ouest.