Côte d’Ivoire/ Gbagbo à Daoukro: son discours en intégralité
A Daoukro, Laurent Gbagbo a prononcé un discours qui a mêlé remerciement intense à son hôte Henri Konan Bédié et allusions sur le viol de la Constitution ivoirienne par Alassane Ouattara. Nous vous proposons l’intégralité d’une prise de parole qui fait l’actualité. Du Gbagbo tout cru.
« Madame Konan Bédié, M. Le Président, Merci ! Je suis aujourd’hui très ému de voir cette foule immense à Daoukro. Au départ, je ne voulais pas faire de politique aujourd’hui mais est-ce que Gbagbo Laurent peut rencontrer le Président Henri Konan Bédié sans que ça ne soit de la politique ? (Rires dans la foule) Est ce que le drapeau que j’ai, je peux prendre la parole en Côte d’Ivoire sans que ce soit la politique ? Donc assumons, je fais la politique (Applaudissements nourris dans la salle) et un peu seulement aujourd’hui parce que j’ai prévu de parler à un moment.
Je voudrais d’abord saluer tous les visages que j’ai connu et reconnu là, toutes les personnalités du PDCI-RDA que j’ai reconnu, et à certains moments j’ai tressailli parce que ya certaines personnes que je ne m’attendais pas à voir, non pas parce qu’ils ne sont plus au PDCI-RDA, mais parce que ça fait longtemps que je ne les ai pas vu. Je vous salue tous avec fraternité, avec amitié. Mon premier souvenir à Daoukro, c’était en 1990. J’étais candidat à la Présidence de la République contre le Président Houphouët Boigny.
Quand on faisait le parcours de la campagne, on se demandait s’il fallait mettre Daoukro dedans, et puis finalement, comme nous étions jeunes, on a dit qu’on met Daoukro. Et puis nous sommes arrivés à Daoukro, le Président Bédié n’était pas là parce qu’il était en campagne pour le compte du Président Houphouët-Boigny ailleurs, mais ce qui m’a frappé c’est que quand je suis arrivé ici, on m’a offert de la part du Président Bédié, 2 Bouteilles de Whisky et une bouteille de Gin pour me souhaiter une bonne arrivée à Daoukro. Je ne lui ai jamais dit ça mais on m’a reçu comme ça. 𝗠𝗘𝗥𝗖𝗜 𝗣𝗥𝗘𝗦𝗜𝗗𝗘𝗡𝗧 𝗕𝗘́𝗗𝗜𝗘́ 𝗣𝗢𝗨𝗥 𝟭𝟵𝟵𝟬. 𝗘𝗧 𝗣𝗨𝗜𝗦 𝗠𝗘𝗥𝗖𝗜 𝗣𝗢𝗨𝗥 𝗕𝗥𝗨𝗫𝗘𝗟𝗟𝗘𝗦.
J’étais à Bruxelles, j’étais tranquille, on me dit Guikahué vient ici, je dis » Il vient faire quoi ? « . Lui je peux parler de lui parce que c’est mon petit de Gagnoa (Rires dans la salle). On dit, il vient te saluer de la part du Président Bédié. J’ai dit d’accord. » On ne dit jamais Non à des pieds qui viennent saluer. » Donc j’ai reçu la délégation conduite par Guikahué et ça s’est très bien passé. On a causé et j’ai même pris leur téléphone, j’ai appelé le Président Bédié et je lui ai dit : « 𝙂𝙧𝙖𝙣𝙙 𝙛𝙧𝙚̀𝙧𝙚, 𝙩𝙚𝙣𝙚𝙯 𝘽𝙤𝙣, 𝙟’𝙖𝙧𝙧𝙞𝙫𝙚 ». Ce sont quelques souvenirs de ça que je voulais partager avec vous.
Merci à Allah, il a été mon Ministre de la santé, Émile constant Bombet, Ouassenan, Merci à vous d’être venus m’accueillir.𝗝𝗲 𝘀𝘂𝗶𝘀 𝘃𝗲𝗻𝘂 𝗮𝘂 𝗽𝗮𝘆𝘀, 𝗷𝗲 𝗽𝗮𝗿𝗹𝗲𝗿𝗮𝗶, 𝗷𝗲 𝗽𝗮𝗿𝗹𝗲𝗿𝗮𝗶, 𝗷𝗲 𝗽𝗮𝗿𝗹𝗲𝗿𝗮𝗶. 𝗠𝗮𝗶𝘀 𝗮𝘂𝗷𝗼𝘂𝗿𝗱’𝗵𝘂𝗶 𝗷𝗲 𝘃𝗼𝘂𝗹𝗮𝗶𝘀 𝘃𝗼𝘂𝘀 𝗱𝗶𝗿𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝗹’𝗮𝗰𝘁𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝗷𝗲 𝗽𝗼𝘀𝗲, 𝗲𝗻 𝘃𝗲𝗻𝗮𝗻𝘁 𝘃𝗼𝗶𝗿 𝗹𝗲 𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗛𝗲𝗻𝗿𝗶 𝗞𝗼𝗻𝗮𝗻 𝗕𝗲́𝗱𝗶𝗲́ 𝗰𝗵𝗲𝘇 𝗹𝘂𝗶 𝗲𝘀𝘁 𝘂𝗻 𝗮𝗰𝘁𝗲 𝗱𝗲 𝗿𝗲́𝗰𝗼𝗻𝗰𝗶𝗹𝗶𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗲𝘁 𝘂𝗻 𝗮𝗰𝘁𝗲 𝗱𝗲 𝗿𝗲𝗰𝗼𝗻𝗻𝗮𝗶𝘀𝘀𝗮𝗻𝗰𝗲.Il ne faut pas beaucoup pour faire le bonheur de quelqu’un qui est dans la détresse.
Il ne faut pas beaucoup pour faire la réconciliation dans un pays. Il faut se dire les VÉRITÉS au moment où il faut les dire. Il faut se dire les VÉRITÉS pour que les VÉRITÉS guérissent, et pour que les VÉRITÉS soignent. Et il ne faut pas les dire pour blesser. Je ne dirai pas des vérités pour blesser mais je dirai les VÉRITÉS qui doivent guérir. C’est pour ça que je suis à Daoukro. J’ai suivi l’actualité politique ivoirienne, comme le 3ème mandat. J’étais à Bruxelles quand j’ai suivi le braquage.
Moi même j’ai appelé TV5, venez je vais vous parler parce que si je me tais pendant que ça boue en Côte d’Ivoire, et que je ne dis rien, ce sera une complicité de ma part, et il faut que je dise que je suis d’accord avec ceux qui luttent contre le 3ème mandat. C’est pour ça que j’avais appelé les journalistes et la télévision. Parce que si tu ne parles pas à un moment donné, tu es complice de ce qui se fait. Or je ne peux pas être complice de ça contre la Côte d’Ivoire. J’ai dit qu’il ne fallait pas un 3ème mandat, parce qu’en Afrique, on a un problème et un seul problème.
Nous écrivons les textes, et puis on les froissé et on les jette. Un texte écrit est fait pour être respecté. Nous avons connu cette bataille en Décembre 1993 au moment du décès du Président Houphouët-Boigny. Ceux qui sont ici, et pour la mémoire, se souviennent que j’étais en tournée dans le Zanzan, moi je faisais toujours campagne (Rires dans la salle). J’étais dans l’opposition, mon rôle était de faire toujours campagne donc je faisais campagne et j’arrive sur appel insistant de Boga doudou. Il me dit ça ne va pas, et je lui ai dit, on cesse la tournée et puis on va voir.
Et donc sur ce problème de la succession du Président Houphouët-Boigny, la constitution n’était pas seulement claire, elle était limpide. Tous les journalistes qui m’ont posé cette question, je leur ai dit : » Je ne suis pas d’accord avec ce qui est écrit mais nous devons respecter ce qui est écrit ». Et si nous ne voulons pas que le pays brûle, on doit respecter ce qui est écrit.𝐸𝑡 𝑗’𝑎𝑖 𝑒́𝑡𝑒́ 𝑎ℎ𝑢𝑟𝑖 𝑑𝑒 𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑞𝑢𝑒 𝑐𝑒𝑟𝑡𝑎𝑖𝑛𝑠 𝑣𝑜𝑢𝑙𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒 𝑐ℎ𝑜𝑠𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑛’𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡 . 𝑄𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑜𝑛 𝑣𝑒𝑢𝑡 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑛’𝑒𝑠𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑒́𝑐𝑟𝑖𝑡, 𝑜𝑛 𝑣𝑎 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑏𝑒𝑎𝑢𝑐𝑜𝑢𝑝 𝑑𝑒 𝑐ℎ𝑜𝑠𝑒𝑠.
Mais quand on écrit quelque chose, respectons ça pour nous mêmes. On a dû mener une bataille inutile. Je me souviens le Président Bédié à la télévision pour proclamer ce qui ne devait pas être proclamé parce que c’était déjà vrai. Et quand il y a eu le problème du 3ème mandat, j’ai repensé au problème de 1993. J’ai dit voilà le même problème du non respect des textes. Nous ne sommes pas obligés d’avoir des textes, si on veut on peut décider de n’avoir aucune constitution et que nous vivons comme ça, oui on peut vivre comme ça. En ce moment, ce qui arrive est la faute de tout le monde.
Mais si nous avons une constitution, c’est à dire un ensemble de textes pour nous guider, il faut se battre pour être du côté de la Constitution et que la constitution soit de votre côté. Mais si vous vous battez pour être contre la constitution, vraiment nous autres, on ne peut pas vous aider. On ne peut dire qu’on est pas d’accord. Quand on parle de faire la réconciliation, c’est de tout ça. La réconciliation c’est tout ça, respectez les textes. Respectez les êtres humains parce que dans cette bataille contre le 3ème mandat, dans cette région, il y a eu des morts.
Un petit a été décapité, et j’ai regardé ça depuis Bruxelles. Mais quel spectacle nous donnons au monde ? Pour un pouvoir ? Pour un pouvoir ? Mais il y a des gens qui ont eu leur pouvoir sans couper des têtes. Mais le pouvoir appartient au peuple. Jusqu’aujourd’hui, je suis le seul à ne pas revendiquer être le fils d’Houphouët. Même ceux qui revendiquent le fils d’Houphouët, ils font ce que Houphouët-Boigny n’a pas fait (Rires dans la salle). Entre vous et moi qui est donc le fils du père ? (Applaudissements dans la salle)
𝗝𝗲 𝘀𝘂𝗶𝘀 𝘃𝗲𝗻𝘂 𝗱𝗶𝗿𝗲 𝗮𝘂 𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗕𝗲́𝗱𝗶𝗲́ 𝗲𝘁 𝗮̀ 𝗠𝗮𝗱𝗮𝗺𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝗷𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗿𝗲𝗺𝗲𝗿𝗰𝗶𝗲 𝗯𝗲𝗮𝘂𝗰𝗼𝘂𝗽, 𝗷𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗿𝗲𝗺𝗲𝗿𝗰𝗶𝗲 𝗲́𝗻𝗼𝗿𝗺𝗲́𝗺𝗲𝗻𝘁. 𝗟𝗲 𝘃𝗼𝘆𝗮𝗴𝗲 𝗾𝘂’𝗶𝗹𝘀 𝗼𝗻𝘁 𝗲𝗳𝗳𝗲𝗰𝘁𝘂𝗲́ 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗕𝗿𝘂𝘅𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀,𝗶𝗹𝘀 𝗻𝗲 𝘀𝗮𝘂𝗿𝗼𝗻𝘁 𝗷𝗮𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗰𝗲 𝘃𝗼𝘆𝗮𝗴𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗺𝗼𝗻 𝗰œ𝘂𝗿. 𝗤𝘂𝗮𝗻𝗱 𝗹𝗲 𝗣𝗿𝗲́𝘀𝗶𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗕𝗲́𝗱𝗶𝗲́ 𝗱𝗶𝘁 𝗾𝘂’𝗶𝗹 𝗲𝘀𝘁 𝘃𝗲𝗻𝘂 𝗺𝗲 𝘀𝗮𝗹𝘂𝗲𝗿, 𝗰𝗲 𝗾𝘂𝗲 𝗷’𝗮𝗶 𝗿𝗲𝘀𝘀𝗲𝗻𝘁𝗶 𝗰𝗲 𝗷𝗼𝘂𝗿, 𝗷𝗲 𝗹𝗲 𝗿𝗲𝘀𝘀𝗲𝗻𝘀 𝗲𝗻𝗰𝗼𝗿𝗲 𝗲𝘁 𝗶𝗹 𝗳𝗮𝗹𝗹𝗮𝗶𝘁 𝗾𝘂𝗲 𝗷𝗲 𝘃𝗶𝗲𝗻𝗻𝗲 𝗹𝗲 𝗱𝗶𝗿𝗲 𝗱𝗲𝘃𝗮𝗻𝘁 𝘀𝗲𝘀 𝗽𝗮𝗿𝗲𝗻𝘁𝘀, 𝗱𝗲𝘃𝗮𝗻𝘁 𝘀𝗼𝗻 𝗽𝗲𝘂𝗽𝗹𝗲 𝗲𝘁 𝗮̀ 𝗗𝗮𝗼𝘂𝗸𝗿𝗼. 𝗠𝗲𝗿𝗰𝗶 ! 𝗠𝗲𝗿𝗰𝗶 ! 𝗠𝗲𝗿𝗰𝗶 !
Vous autres, chers amis, on se reverra et je parlerai. Parce que pour le moment, même si mon Merci ressemble à la politique (Rires dans la salle), bon pour le moment, je ne peux pas encore parler.Je remercie tous les chefs traditionnels, ils sont venus me saluer, je les remercie énormément. Je remercie les religieux. Je remercie tous les artistes, la fameuse fanfare de Daoukro, je remercie Bombet, Je remercie Ouassenan. Je vous remercie tous.
Et puis je remercie Guikahué, il était à Mama quand je suis parti là bas. Il était au titre du PDCI-RDA, même quand tu l’invites à manger, c’est PDCI-RDA ( Rires dans la salle). Billon, tu es là ? Billon c’est mon petit. Yacé, c’est le même maire, quand il marche, on dirait son oncle. Je vous remercie tous, je vous salue. Dites avec moi, et en chœur, au Président Bédié, MERCI.
Source: Service Com FPI