Côte d’Ivoire/ Crimes postélectorales à l’ouest en 2010: l’ex-milicien Amadé Ourémi contredit la ministre Anne Ouloto
Amadé Ourémi, ancien chef de guerre lors de la crise postélectorale était devant les juges ce mercredi 24 mars pour répondre de ses actes dans plusieurs exactions à lui imputées entre 2010 à ce jour.
La crise postélectorale de 2010 a causé la mort à 3000 personnes en Côte d’Ivoire selon les Nations Unies. Plusieurs familles selon des Organisations Non Gouvernementales (ONG) ont perdu des êtres chers et des biens matériels importants.
Les populations de l’Ouest du pays semblent avoir été fortement impactées par cette crise. L’on se rappelle de l’attaque du camp des réfugiés de Nahibly en 2012 par des hommes lourdement armés, bien que surveillé par des Casques bleus. Le camp de Nahibly abritait quelque 5 000 personnes. Plusieurs autres localités étaient également assiégées selon nos sources.
Lors de son interrogatoire ce mercredi 24 mars au tribunal de première instance au Plateau, Amadé Ourémi, le tristement célèbre chef de guerre, qui régnait comme une légende dans l’ouest du pays a avoué avoir vécu des scènes abominables lors de la crise postélectorale.
Selon ses dires, plusieurs personnes dont des femmes et des bébés ont été sauvagement abattues à l’ouest du pays. C’était, selon lui, sa première fois de vivres des atrocités pareilles. « Ce n’est pas parce que c’est mélangé qu’ils vont mettre tout sur moi. Dieu même sait que je n’ai pas fait ça moi seul. J’ai vu des corps des hommes. C’était beaucoup. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. Il y avait des femmes, des hommes, des enfants et des vieillards parmi les corps. Des personnes ont été brûlées vifs dans des maisons », a-t-il déclaré à la barre.
Ces propos énoncés avec lucidité vont évidemment à l’encontre de ceux tenus par la ministre de l’environnement, Anne Désirée Ouloto, lors d’une de ses sorties en 2019. Elle affirmait que certaines personnes utilisent les Wè ( groupe ethnique de l’ouest du pays) comme un fonds de commerce.
« Arrêtez d’utiliser les Wê comme fonds de commerce. Il n’y a jamais eu de Génocide Wê en Côte d’Ivoire », avait-elle déclaré.
Entre les propos d’un ancien chef de guerre ayant vécu les événements qui se sont déroulées à l’ouest et les propos d’un politique, l’on ne peut que faire une déduction sans passer par quatre chemins. Amadé Ourémi vient de clouer au pilori la ministre Anne Ouloto qui affirmait avec véhémence que des crimes n’ont pas été commis à l’Ouest d’où elle est originaire. Pour l’instant, le procès suit son cours normal, et la suite des événements nous dira plus sur ce qui s’est réellement passé à Duékoué et les autres localités environnantes dans la crise de 2010.