Côte d’Ivoire-13 janvier 2000/ John Pololo, le plus célèbre loubard ivoirien, a été tué
Il sera à coup sûr dans l’esprit de ses contemporains et de ceux qui viendront après le plus célèbre des Loubards de la Côte d’Ivoire. John Pololo aura marqué son temps et ses « œuvres » parlent pour lui. 21 ans après, retour sur la mort de « Sogbi Jonathan ».
« Un autre «caïd», recherché pour viols et braquages, a également fait les frais de cette campagne. Lazare Gnézéré, dit «John Pololo», a été appréhendé en fin de semaine dernière en flagrant délit d’extorsion d’un commerçant. Appréhendé par des soldats, il a lui aussi été abattu en tentant de s’enfuir« . C’est ainsi qu’est décrit le meurtre de John Pololo, icone de des loubards des années 80, 90 en Côte d’Ivoire.
Le géant qu’il était dans les rues venait ainsi de mourir un 13 janvier 2000 à Abidjan, la ville où son nom règne pour l’éternité. « Nous avons déjà arrêté une cinquantaine de bandits et tué deux redoutables membres de la pègre, Pololo et le Rougeaud », expliquait le Colonel Dékassan, Commandait de l’armée de terre et un tant chef du non moins célèbre PC Crise.
Ces explications données au journal L’Orient le 22 janvier 2000 font donc de John Pololo, un vulgaire délinquant qui a été pris alors qu’il commettait une infraction pénale. Qui a été abattu alors qu’il tentait de fuir. Soit. Mais, ce n’est pas ainsi que le voient ses compagnons d’hier. Pour eux, celui qu’ils surnommaient « Sogbi Jonathan » a tout simplement été liquidé.
Pourquoi ? et par qui ? Pour des dinosaures du mouvement Ziguehi, John Pololo était un sachant sur plusieurs faux coups de plusieurs pontes de l’ancien régime PDCI. Ceux qui renversent Bédié le 24 décembre 1999 le connaissent aussi. ils ont eu à utiliser ses services pour bien des besognes pas très catholiques.
John Pololo faisait partie des gros bras dont se servaient et les hommes politiques et les hommes d’affaires. D’ailleurs, des légendes racontent que pour étouffer des mouvements sociaux dans des entreprises en zone industrielles, des Syriens ou autres Libanais le nommaient comme » chef du personnel »… Et chacun se tenait à carreaux. Murmurer était mieux que prostester.
Pour ses amis, il était devenu tout simplement encombrant et l’occasion fut trouvée pour en finir avec un sachant dans la rue. De fait, ils nient le fait que Pololo a tenté de s’enfuir. Ils clament que l’homme a été arrêté pour une fausse affaire, torturé, avant d’être achevé dans des conditions encore obscures, par la junte de Robert Guéi.
21 ans après sa mort, ses amis tels Grand Vegas, Gnagra Nazaire, Bobi Solo, Blokus, Adjess Polo, Sahin Polo, ses petits frères tels Boni Dagrou (RAS), Marco Wahi, tous des grands noms de la rue abidjanaise lui rendent hommage. Quel que soit ce que vous leur direz sur la face cachée et obscure de John Pololo, il demeure leur icône, leur légende.