L’exploitation dans les mines de la République démocratique du Congo (RDC) fait désormais l’objet d’une attention mondiale grâce à un nouveau hashtag, #CongoIsBleeding, qui cherche à mettre en lumière l’esclavage des enfants, les conflits meurtriers et la corruption engendrés par la quête de nourrir les mégaentreprises avec des minéraux.
Le hashtag a été créé juste au moment où les manifestants nigérians ont créé #EndSARS pour dénoncer les brutalités policières. Au cours des derniers jours, #CongoIsBleeding est devenu virale dans plusieurs pays dont le Ghana, le Nigeria, le Royaume-Uni, la Belgique, la France et l’Afrique du Sud.
Des célébrités africaines et étrangères, dont la star de la NBA Serge Ibaka, ont joint leur voix à ce mouvement pour attirer l’attention et demander de l’aide. Que se passe-t-il donc exactement en République démocratique du Congo ?
Le pays possède les mines de cobalt les plus prolifiques du monde, produisant environ la moitié du cobalt utilisé dans le monde. Ce métal est un minéral utilisé dans la fabrication des batteries au lithium-ion ainsi que des aciers magnétiques dans les téléphones, les ordinateurs portables entre autres.
La nature lucrative de l’extraction du cobalt signifie que tous les efforts sont faits pour que la production puisse répondre à la demande mondiale éternellement élastique. L’est de la RDC, où se trouvent les mines, abrite donc près de 40 000 enfants travailleurs qui creusent pour trouver les minéraux qui seront utilisés par Apple, Google et d’autres sociétés géantes.
L’expert en développement mondial Siddharth Kara a beaucoup écrit sur la relation asymétrique entre la production de cobalt en RDC ainsi que sur la signification de ce minerai pour les géants de la technologie. En 2018, Kara a écrit que « les enfants travaillaient 12 heures par jour, certains pour seulement 2 dollars par jour, creusant et transportant des sacs de roches riches en cobalt. »
Ces enfants sont les plus pauvres des Congolais, avec peu ou pas de filets de sécurité, et sont à la merci de maîtres d’œuvre qui sont généralement des employés corrompus du gouvernement ou même des forces rebelles. Cela conduit aux problèmes liés à un autre minerai, le coltan, qui a suscité l’insécurité dans la même région de l’est de la RDC.
Le coltan est très différent du cobalt, mais il est également utilisé dans la fabrication de produits technologiques comme les condensateurs. L’Afrique de l’Est est riche en coltan, la RDC et son voisin le Rwanda étant parmi les plus grands producteurs de ce minéral.
Le gouvernement du Congo n’est ni disposé ni capable d’assurer la sécurité des vies et des biens de ses habitants dans les villes riches en coltan. Cela signifie que des acteurs non étatiques, en particulier les forces rebelles du Rwanda et de l’Ouganda, pillent, torturent, violent et tuent les Congolais dans ces endroits, tout cela dans le but de tirer profit de la production de coltan.
Depuis des décennies, les multinationales et les pays européens ont acquis du coltan en dépit du fait que l’argent qu’ils paient ne sert pas à améliorer la vie des Congolais pauvres. Les considérations morales ne doivent pas faire obstacle à d’énormes profits.
Ces côtés extrêmement sombres de la production de cobalt et de coltan en RDC ne font pas la une des journaux, peut-être en raison de l’accoutumance des sensibilités mondiales aux guerres et aux conflits dans ce pays.
Crédit photo : facetofaceafrica