Kim Jong-nam, le demi-frère du leader nord-coréen, a été assassiné le 13 février avec du gaz VX, un agent innervant créé dans les années 1950. Retour sur l’histoire de l’arme chimique la plus mortelle du monde.
Une substance hautement toxique
Les Nations Unies l’ont classé parmi les armes de destruction massive. La police malaisienne a confirmé, vendredi 24 février, avoir trouvé des traces de gaz VX sur le corps de Kim Jong-nam. Le demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un devient ainsi la seconde victime humaine avérée de ce poison, 100 fois plus toxique que le gaz sarin, et tout aussi inodore et incolore.
Il suffit de 10 milligrammes appliqués sur la peau pour que l’effet soit mortel. Ce gaz dont le nom scientifique complet est S-2 Diisoprophylaminoethyl methylphosphonothiolate s’attaque très rapidement au système nerveux et provoque des nausées, des convulsions, une perte de connaissance, puis la mort par asphyxie. Il est nécessaire d’utiliser plusieurs antidotes à la fois dans un très court laps de temps pour espérer sauver une personne exposée à une dose mortelle de cet agent innervant.
L’origine du XV remonte aux années 1950
L’histoire du VX remonte au début des années 1950 et l’on doit sa découverte aux Britanniques. Ranaji Ghosh, un chimiste l’a synthétisé en 1952 voulant l’utiliser comme insecticide. Mais jugé hautement toxique pour l’homme, le gaz a été retiré de la vente trois ans plus tard.
L’armée britannique, a donc décidé d’examiner son potentiel militaire… et de partager cette découverte avec les américains. Enthousiaste, l’US Army a lancé sa production de masse en 1961. L’armée a également développé des missiles et des mines anti-personnelles capables de relâcher du gaz VX dans l’air.
C’est durant cette période que le VX est devenu tristement célèbre. En mars 1968, alors que l’armée testait ses armes biologiques et chimiques dans la Skull Valley un peu de ce gaz mortel s’est répandu dans un champ, tuant près de 6 000 moutons. Cet agent innervant est aussi soupçonné d’être à l’origine de l’empoisonnement accidentel d’une vingtaine de militaires sur la base américaine d’Okinawa en 1969.La même année, sous p ression de l’opinion publique, le président des États-Unis, Richard Nixon, décide d’interdire l’utilisation et les recherches sur les armes chimiques.
Certains pays sont en possession de cette substance toxique
Les États-Unis ont gardé un certain stock. L’autre pays à en posséder officiellement est la Russie qui a développé sa propre version de ce puissant poison baptisé « Russian VX ». Mais depuis 1993, cette substance apparaît sur la liste des produits interdits au niveau international et une partie des stocks des deux pays a été détruite.
D’autres États ont été soupçonnés d’en posséder. L’Irak de Saddam Hussein en aurait fabriqué plus de 50 tonnes dans les années 1990. En 2013, plusieurs rapports ont affirmé que le régime syrien de Bachar al-Assad s’était constitué un stock de gaz VX. Jusqu’à présent, cependant, aucune preuve formelle n’a été apportée de l’utilisation de cette arme chimique dans le cadre d’un conflit.
Une utilisation éventuelle par des groupes terroristes
Le cas précédent le meurtre de Kim Jong-nam est l’assassinat d’un Japonais en pleine rue par un membre de la secte Aum en 1994. La victime avait été désignée comme un espion et condamnée à mort par le gourou de cette secte, Shoko Asahara.
L’utilisation d’une arme aussi puissante par cette secte, par ailleurs responsable de l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995, a suscité une vague d’inquiétudes sur la possibilité pour d’autres groupes terroristes d’en fabriquer. D’autant plus que la production de ce poison mortel nécessite de travailler dans un laboratoire sophistiqué avec des produits hautement toxiques, ce qui n’est pas à la portée de tous.