Il y a des matches que les joueurs n’oublient pas. Surtout, le genre Cameroun-Ghana. Surtout, le capitaine ghanéen, Asamoah Gyan. En 2008, il était déjà là. Il a vu le Les Lions Indomptables éteindre totalement l’étoile noire. Les Black Stars ont été battu en demi-finale par le Cameroun. La famille de Asamoah Gyan avait souffert. Les supporters des Black Stars avaient menacé d’incendier la maison des parents du joueur : il ratait trop de buts.
Asamoah Gyan aurait pu prendre sa revanche ce jeudi 2 février. N’eût été une vilaine blessure au premier tour. Mais son cœur bat aussi fort que celui de ses coéquipiers. Les Camerounais de leurs côtés, se sont fait raconter la CAN2008. Ils sont jeunes, ils sont nouveaux. Mais ils gardent le tempérament, la force de caractère de leurs devanciers.
Deux équipes, deux styles
Les Lions Indomptables ne sont pas extraordinaires dans ce tournoi. Mais ils avancent au caractère. Ils gagnent par la tactique. Ils s’adaptent au jeu de l’adversaire. Leur force, reste leur engagement. Aucun joueur n’a véritablement explosé et porté l’équipe à bout de bras. Le gardien Fabrice Ondoua est surprenant de sérénité et d’efficacité. Il est rassurant. Le Cameroun lui doit à 60%, sa présence en demi-finale. LA défense ne prend pas beaucoup de buts, parce qu’il y a Fabrice Ondoua mais aussi, une solidarité à toute épreuve dans le secteur autour de l’axial Teikeu.
Milieu ratisseur et de tôliers, les sorties de balles et la vitesse n’est pas vraiment son fort, mais il sait jouer avec un impact et pression sur le porteur du ballon. L’attaque marque peu mais marque utile. Hugo Broos rassure les supporters camerounais : *« Notre motivation est au haut niveau.* ». L’entraîneur camerounais est critiqué quand l’équipe trébuche. Mais personne ne veut, au Cameroun, saluer sa performance. Et pourtant, tactiquement, il est un grand au-dessus. Il sait contrer contrer les adversaires.
Contre le Sénégal, sa pièce maîtresse fut Christian Bassogog. Infatigable travailleur sur le côté droit, il se replie facilement en défense pendant les offensives adverses. Des rumeurs avaient jailli. Elles faisaient état d’une grève des athlètes. Ces derniers réclamaient, selon, des informations distillées au Gabon et au Cameroun, une réévaluation de leurs primes avant la demi-finale. Une rencontre au sommet a permis de dissiper les malentendus. Les joueurs sont formels, « *Nous ne sommes pas venus au Gabon pour l’argent. ». *A la satisfaction des autorités camerounaises.
Le Ghana est régulièrement dans le carré d’as. Finaliste malheureux en 2015 aux tirs au but, le Ghana a été lent au démarrage. Mais tranquillement et méthodiquement, il répond encore présent. Porté par les frères Ayew et un Christian Atsu, capable dans un bon jour, de changer à lui tout seul, le cours d’un match. Le Ghana ne joue plus pour le spectacle.
Le Ghana n’est plus le Brésil d’Afrique. Le Ghana joue d’efficacité. Plus de fantaisie et de dribbles pour faire exploser le public. Le Ghana joue pour gagner. Et le Ghana avance avec un système qui fait ses preuves. Face à La RDC, Jordan Ayew a été performant. Buteur sur le premier but, il a fondu en larmes : porter les espoirs de toute une nation, quelle responsabilité ! Son frère ainé, André, a ensuite qualifié le Ghana en demi-finale. Les Black Stars comptent sur les performances des Ayew mais aussi du groupe de Abraham Grant pour venger leurs aînés. Effacer la triste histoire de la demi-finale de 2008.
Cameroun-Ghana ne sera pas un match pour les puristes. L’équipe la plus efficace et la plus concentrée sortira vivante de l’opposition. L’école de Abraham Grant n’est pas celle du spectacle. De même que celle de Hugo Broos. C’est à la tactique et la valeur individuelle des joueurs que l’un ou l’autre fait la différence. Rendez-vous au stade de Franceville à 19 H GMT pour connaître l’adversaire de l’Egypte en finale de l’édition 2017 de la CAN.
Fernand Dedeh