Le procès de Maurice Kamto ainsi que celui des militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a été reporté au 26 février 2019.
Maurice Kamto a comparu jeudi devant le Tribunal militaire de Yaoundé, sa deuxième comparution depuis son arrestation fin janvier 2019. L’audience prévue ce jour a été reportée à la suite d’une requête de leurs avocats sur la compétence d’un Tribunal militaire à juger des civils.
« Le juge n’a pas entendu Maurice Kamto parce qu’il a décidé d’attendre que le Tribunal statue sur la contestation de sa compétence que nous avons formulé », a confié l’un des avocats de l’opposant, Christopher Ndong.
« Nous attendons la décision sur la compétence et notre client est à nouveau attendu mardi au parquet militaire », a-t-il ajouté.
Maurice Kamto, principal opposant du président Paul Biya, a été arrêté le 28 janvier dernier à la suite d’une marche organisée par le MRC pour dénoncer un hold-up électoral. Il fait face à huit chefs d’accusation, y compris incitation à la violence et insurrection
Amnesty International a qualifié « d’horrible » l’accusation d’insurrection retenue contre le président du MRC, accusant Yaoundé d’être sévère envers la critique.
Dans une déclaration publiée jeudi, Amnesty International a souligné qu’il s’agit d’une violation flagrante des droits fondamentaux de l’homme que de continuer à traduire des civils devant les tribunaux militaires.
« C’est horrifiant que les autorités camerounaises envisagent de condamner Maurice Kamto à mort simplement pour avoir osé participer à une manifestation pacifique.
Il fait partie des nombreuses personnes qui ont été prises dans une vague d’arrestations massives alors que les autorités tentent de faire taire leurs détracteurs, a déclaré Marie-Evelyne Petrus Barry, à la tête du bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et du centre.
En plus de voir leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique bafoués, de nombreux membres de l’opposition camerounaise sont désormais jugés injustement par des tribunaux militaires.
Nous appelons les autorités à mettre fin à cette attaque impitoyable contre les voix dissidentes. Les civils ne devraient pas être jugés par des tribunaux militaires et ne devraient pas être condamnés à la peine de mort pour avoir exercé leurs droits fondamentaux », a-t-elle souligné.
Les organes internationaux et régionaux des droits de l’homme, y compris la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, considèrent que les tribunaux militaires ne devraient, en aucune circonstance, avoir compétence sur les civils. Cela est également reconnu dans les Principes du procès équitable en Afrique.
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