La fraude par simbox risque cette année de faire perdre 18 milliards de F
CFA (27,44 millions d¹euros)aux opérateurs camerounais de téléphonie (MTN,
Orange, Nexttel et Camtel), contre 7,5 milliards de F CFA en 2014, selon
Serge Esso, directeur général adjoint de la filiale locale de MTN, lors
d’une conférence sur le phénomène, il y a quelques jours.
Le simbox consiste à faire passer un appel international pour un appel local
via l’internet. Le récepteur voit un numéro local s¹afficher alors que
l’appel vient de l’extérieur. Courante surtout en Afrique et en Asie, cette
fraude provoque des pertes financières comprises entre 2,3 et 7 milliards de
dollars au niveau mondial.
Près de 60 millions de minutes d¹appels entrants ont été détournées en 2014
au Cameroun. L’on dépassera les 100 millions de minutes cette année selon
les opérateurs. « Bien que la pratique existe depuis dix ans, nous observons
une migration des fraudeurs vers le Cameroun du fait de leur traque dans
d’autres pays », avance Serge Esso.
« Il y a une absence de volonté politique institutionnelle à se saisir de ce
problème, surtout de la part des régulateurs des télécommunications (ART) et
des technologies de l’information et de la communication (ANTIC). Au Ghana
et au Nigeria, ils ont été à l’avant-garde de ce combat », déplore l’avocat
Akere Tabeng Muna, président de la fondation Muna qui a pris la tête de la
croisade contre le simbox.
Au-delà des enjeux sécuritaires et bien que six millions de cartes sim ont
été détectées et suspendues par l’ensemble des opérateurs, ce phénomène a
également un impact sur les finances publiques. Sur la base de la TVA et de
la redevance au régulateur, le Cameroun a enregistré un manque à gagner de
1,8 milliards de F CFA en 2014, qui pourrait s¹élever à 3,5 milliards de F
CFA cette année. Cette estimation basse ne tient pas compte de l’impôt sur
les sociétés.