Insensible à la critique, au déshonneur et au ridicule, la fille d’Ahmadou Ahidjo, l’ancien chef d’Etat camerounais, touchée par la grâce d’une révélation tardive est désormais l’une des ouailles du RDPC (catalyseur de toute la corruption possible au Cameroun).
L’ex président Ahmadou Ahidjo est mort, mais son décès ne saurait le sanctifier ni faire oublier qu’il fut un dictateur dont on serait poussé à aller cracher sur la tombe. C’est comme s’il n’a jamais existé. Après Mohamadou ambassadeur, Aminatou émissaire. Les enfants Ahidjo sont visiblement amnésiques Leur apport à une «réconciliation» est imaginaire et nul parce que la guerre qui nécessitera un tel raccommodement est encore à venir.
Il y a chez Badjika Mohamadou et Aminatou Ahidjo comme une carence, une congénitale propension à se faire humilier par l’actuel président Paul Biya. Ils ont ravalé leur fierté et leur dégoût et se sont unis avec celui qui avait condamné à mort leur père. Est-on jamais allé aussi loin dans le reniement de la mémoire d’un père?
Tout ceci malgré l’énergie de réprobation produite à la fois dans l’édition d’un certain Haman Mana, dans l’élan spontané et ô combien sympathique dénommé «Aminatou Tu Mens» et dans une lettre probablement apocryphe d’un membre indigné de la fratrie Ahidjo.
Comment dire non?
Le président Paul Biya a l’art de corrompre les vivants et les morts, il associe qui il veut à la cause de son régime éternel. Existe-t-il des gens qui lui aient dit non? Lui qui ressuscite à la vie publique des tares de notre économie (Akamé Mfoumou, PCA de Camair-Co, on croit rêver), fonctionnarise à vie Mendo Zé et les chefs traditionnels (comme jadis les colons Allemands fonctionnarisaient Douala Manga Bell… avant de le pendre), fait et défait ses alliés et ses opposants, tous d’une tragique impuissance.
Paul Biya a pour conseiller, l’un des plus savants de ses détracteurs savants (Luc Sindjoun), sa parole est portée par un opposant acquis à sa cause perpétuelle (Issa Tchiroma Bakary); à peine libérée de kondengui, Haman Adama bat campagne pour lui.
Il «frustre» les biyaïstes (ce dernier mot est si mal façonné qu’on ne doit en dénombrer qu’un seul ou deux à l’extrême rigueur). Mais les biyaïstes, contre toute attente, continuent de prier et d’attendre le grand soir du décret de leur nomination.
A quoi pourrait-on encore comparer le président Biya?
« Les enfants Ahidjo ont-ils eu le choix? A-t-il été ouvert? Ont-ils l’imagination qu’il faut pour le prendre par lâcheté? Si Paul Biya qu’on dit doux (il n’a pas le profil habituel des dictateurs grondeur, colérique, narcissique, brutal) est si fort pourquoi le Cameroun va-t-il si mal? Et s’il est aussi mauvais ou faible qu’on l’accuse, pourquoi ne parvient-on pas à le renverser?
C’est le Sphinx d’Etoudi, presque un phénix, aimé jusqu’au simulacre, craint par ceux qui osent le haïr ouvertement, qui revient toujours de manière inattendue au-devant la scène politique… C’est qu’il ne s’est pas encore trouvé d’œdipe pour répondre à l’énigme de sa durée. » Déclare Eric Essono Tsimi
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