Burkina Faso: Le général Gilbert Diendéré inculpé pour le meurtre de Thomas Sankara
Déjà inculpé pour crimes contre l’humanité, Le général Gilbert Diendéré est également poursuivi depuis un mois pour complicité d’assassinat dans l’affaire Sankara, selon des sources sécuritaires citées par Reuters.
Rien n’a encore été communiqué officiellement. Mais selon des sources proches des services de sécurité burkinabé, voire la défense du général Gilbert Diendéré, celui-ci, à la tête du coup d’État avorté de septembre dernier, a été inculpé depuis le mois de novembre pour complicité dans l’assassinat du président Thomas Sankara en octobre 1987.
Durant trois décennies, c’est bien cet officier discret qui a dirigé le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), dont des éléments sont suspectés d’avoir participé au meurtre de Sankara. Anciennement, chef des commandos de Pô chargés de la sécurité du chef de l’État, il aurait supervisé, le 15 octobre 1987, l’arrestation du président révolutionnaire. Blaise Compaoré prend le pouvoir à l’issue du coup de force et Thomas Sankara est déclaré « décédé de mort naturelle » quelques jours plus tard. Que s’est-il réellement passé ce jour-là ? La question n’a pour l’instant jamais été officiellement élucidée, d’où l’enjeu judiciaire et historique de l’enquête en cours.
Toujours dans l’ombre, Gilbert Diendéré a été au cœur du dispositif militaire favorisant la prise du pouvoir d’Etat par Thomas Sankara le 4 août 1983. Cette année-là, il a joué d’ailleurs un rôle majeur dans le putsch des révolutionnaires. Déjà bras droit de Compaoré, il a mené ses troupes jusqu’à Ouagadougou. C’est lui qui annonça à la radio le coup d’État, à 22 heures.
La mémoire de l’ancien régime
« Peuple de Haute-Volta, le capitaine Thomas Sankara vous parle… » Souriant mais mutique, le mystérieux Diendéré est de tous les coups et Philippe Ouédraogo, ministre dans le premier gouvernement de la révolution, disait de lui à Jeune Afrique, en novembre 2014 : « il tire à chaque fois son épingle du jeu ». Du moins jusqu’à ce fameux coup d’État avorté de septembre 2015. Au Burkina, il est aujourd’hui considéré comme la mémoire de l’ancien régime.
Or durant les 27 ans de règne de l’ancien président, Blaise Compaoré, c’est le black-out sur le dossier Sankara, qui est méticuleusement, scrupuleusement enterré. Jusqu’à la chute du régime, fin octobre 2014. Et en mars 2015, le gouvernement de transition adopte un décret « portant autorisation d’exhumation et d’expertises des restes du président Thomas Isidore Noël Sankara ».
Diendéré devra donc s’expliquer sur le rôle qu’il aurait joué dans la disparition de Sankara. Un dossier judiciaire de plus contre cet officier qui a en outre été inculpé à la mi-octobre pour crimes contre l’humanité.
