Burkina Faso: la naturalisation ivoirienne de Compaoré «pose problème», il devrait «répondre devant la justice»
D’après le chef de la diplomatie burkinabè Alpha Barry, la naturalisation ivoirienne du président déchu Blaise Compaoré « pose des problèmes ». Il estime que cet ancien chef d’Etat du Burkina Faso « devrait rentrer et répondre de ses actes devant la justice».
« Quelqu’un qui a été chef d’État, qui a été un officier dans un pays, changer de nationalité de cette manière, ça pose problème. (…) pour quelqu’un qui a été chef d’État, qui a incarné le pays pendant de longues années (27 ans, ndlr), le faire de cette manière pose des problèmes. Il devrait pouvoir rentrer et répondre à la justice », a déclaré le ministre des Affaires étrangères au cours d’un entretien radiophonique, relayé par koaci.com
« Même si (…) on peut penser qu’il a le droit vu que son épouse est ivoirienne ça pose problème. Maintenant sur le pourquoi de cette décision, je pourrais mieux répondre quand j’aurai des discussions avec nos amis et partenaires ivoiriens », a précisé M. Barry.
Ayant par ailleurs évoqué le mandat d’arrêt international lancé contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro dans l’affaire du putsch manqué, le chef de la diplomatie a estimé que cela était nécessaire dans le nouveau contexte du pays.
« C’est parce que le Burkina est dans un contexte particulier qu’il faut privilégier la diplomatie, qu’il faut expliquer à nos partenaires quel est le contexte dans lequel nous vivons », a-t-il déclaré.
« Sous la transition, il y a eu les états généraux de la justice, les textes règlementant la justice ont été changés, il y a également un contexte politique et post insurrectionnel. Si on ne discute pas avec nos amis ivoiriens, comment vont-ils comprendre quels sont nos limites ? », a-t-il poursuivi.
« Il faudra leur expliquer tout cela, sinon, il n’est pas facile pour un chef d’État étranger de voir qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre une personnalité de ce rang comme Guillaume Soro. Dire à ce chef d’État comme cela que le mandat d’arrêt a été lancé et que le gouvernement n’a pas été informé n’a rien à voir. C’est purement une affaire de justice », a soutenu M. Barry.
D’après M. Barry, il est opportun d’aller expliquer dans quel contexte se trouve le Burkina pour qu’il puisse vous comprendre et se rendre compte que le gouvernement n’a pas une marche de manœuvre et que la justice est indépendante dans ce pays.Les présidents Ivoirien et Burkinabé ont convenu de régler par voie diplomatique les mandats d’arrêts lancés contre des personnes se trouvant en Côte d’Ivoire.
Cette démarche avait conduit à l’arrestation en Côte d’Ivoire de Moussa Nébié alias « Rambo », un des exécutants du putsch manqué et deux civils, et à leur extradition vers le Burkina Faso.
Le ministre des Affaires étrangères avait ensuite effectué un voyage officiel à Abidjan pour témoigner la reconnaissance du peuple burkinabé et de ses autorités au président Alassane Dramane Ouattara.