Burkina Faso: le procès de Blaise Compaoré et ses anciens ministres reprend ce jeudi
Ce jeudi 4 mai, le procès du dernier gouvernement de Blaise Compaoré reprend devant la haute Cour de justice à Ouagadougou. 25 anciens ministres prennent part à ce procès qui a été ouvert depuis une semaine. 6 anciens ministres vivant en exil seront jugés par contumace. Il s’agit par exemple de l’ex-président burkinabé Blaise Compaoré qui sera jugé en tant qu’ancien ministre de la Défense même s’il possède actuellement la nationalité ivoirienne.
La plainte indique que les ministres de l’ancien gouvernement sont accusés de «complicité d’homicide volontaire et complicité de coups et blessures volontaires». Ces anciens ministres sont jugés pour leur implication présumée dans la répression de l’insurrection populaire d’octobre 2014 qui avait conduit à la chute du régime.
Il est reproché aux ex-ministres d’avoir fait appel à l’armée pour réprimer les manifestants hostiles à la modification de la Constitution, lors du Conseil extraordinaire des ministres du 29 octobre 2014. L’accusation indique qu’en signant « une réquisition complémentaire spéciale », les ministres avaient poussé les militaires à tirer à balles réelles sur des manifestants. Ce qui avait conduit à sept décès et 88 blessés.
Une source judiciaire indique le procès ne devrait pas durer plus de deux semaines. La première journée sera consacrée en partie aux exceptions. Trois jours pour les interrogatoires, une journée pour l’audition des témoins. Parmi eux, le général Gilbert Diendéré, ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré qui était présent à l’ouverture du procès. Puis ce sera le réquisitoire, les plaidoiries, le dernier mot des accusés et le délibéré.
« Beaucoup de ceux qui se retrouvent dans le box des accusés ne se seraient jamais imaginé un jour devant la justice, tant ils considéraient que la justice c’était pour les autres. Voilà pourquoi ce procès est important parce que les Burkinabè ont soif de justice. Parce que ceux qui ont choisi de faire passer leur projet de révision de la Constitution par la force, aujourd’hui ont à rendre compte des décisions qu’ils ont prises. C’est un grand moment, un moment symbolique de la responsabilité politique et de l’importance de la reddition des comptes. Les Burkinabè s’en souviendront. », commente Luc Ibriga, juriste, président du Forum de citoyennes et citoyens de l’alternance
Blaise Compaoré ne prendra pas part au procès. « C’est dommage qu’il soit absent et c’est dommage pour lui qui voulait se donner l’image d’un grand homme d’Etat, souligne Luc Briga. Un grand homme d’Etat ne fuit pas devant ses responsabilités, il les assume. Et le fait qu’il soit parti du Burkina Faso, mais qu’il ait aussi changé de nationalité pour échapper à la justice, ne le grandit pas du tout. »