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Bénin: Sortie d’une bande dessinée sur la vie du Roi Béhanzin, roi du du Dahomey

« Gbéhanzin », c’est le titre de la bande dessinée qui vient de paraître aux éditions Laha. Elle retrace la vie du célèbre ancien roi du Dahomey, le roi Béhanzin (Gbêhanzin ou Gbèhanzin) né en 1845 et mort en 1906. L’œuvre a été présentée au public le 29 avril dernier à l’Institut Français de Cotonou.

L’écrivain et scénariste béninois Florent Couao-Zotti, la scénariste Sonia Houenoude Couao-Zotti et le jeune illustrateur Constantin Adadja, créateur graphiste sont les auteurs de la bande dessinée qui a connu 5 années de préparation. « Cet album est le fruit de cinq années de travail et de recherches historiques et iconographiques. Nous avons lu des thèses et l’essentiel des livres qu’il y avait sur le personnage. Nous nous sommes rendus à Abomey pour visiter les lieux », explique Sonia Houenoude Couao-Zotti, aussi attachée culturelle à l’ambassade d’Haïti au Bénin.

Sur la page de couverture, le roi apparaît de dos, drapé d’un pagne tissé et l’épaule gauche découverte. A la cour d’Abomey, capitale du royaume du Dahomey, aujourd’hui le Bénin, nul n’avait le droit d’observer de face le monarque dit-on. Les auteurs  se sont alors souvenus de cette subtilité pour choisir la couverture de leur ouvrage.

En langue Fon( une des ethnies du Bénin), le nom Béhanzin (ou Gbéhanzin) , signifie « le monde tient un œuf dont la terre seule sent le poids ». Le Roi Béhanzin est le plus célèbre roi du Dahomey ayant lutté, entre 1892 et 1894, contre l’occupation française, avec l’appui des célèbres guerrières amazones. Il sera déchu le 15 Janvier 1894 et déporté en 1894 en Martinique, où il vécut une dizaine d’années. Il mourut en 1906 à Blida en Algérie, le roi Béhanzin a inspiré plusieurs œuvres littéraires, artistiques et cinématographiques.

Si l’œuvre tient à retracer la vie du Roi Béhanzin, elle n’échappe cependant pas à la traditionnelle querelle sur l’histoire, et sur la fidélité des faits. Notamment les circonstances de la désignation de son successeur après sa reddition et sa déportation pour la Martinique. A la page 71 de la BD, les auteurs affirment que le roi lui-même aurait désigné Gaou Goutchili, son ministre de la guerre, pour assurer l’intérim et l’aurait prié de se rendre aux Français. Nous sommes en novembre 1893. Le roi avait assuré qu’il reviendrait de son périple en France, une fois qu’il discuterait du traité de paix avec le président français d’alors, Sadi Carnot. Seulement, il ne verra jamais ce dernier et ne reviendra jamais de son exil.

Ces faits ont été contestés lors du lancement officiel de l’œuvre par un descendant de la famille royale Béhanzin. « Ce n’est pas une querelle d’histoire. Mais le roi n’a pas désigné par intérim Gaou Goutchili. En sortant du maquis pour rencontrer le général Dodds, à Goho, en 1894, Gbéhanzin n’a jamais rencontré le prince Gaou Goutchili », avance Constant Agbidinikoun.

Une autre version de l’histoire voudrait que Gaou Goutchili, pressentant la défaite, se soit rendu lui-même, en même temps que certains obligés du roi, à l’occupant français, trahissant ainsi Gbéhanzin qui se trouvait dans le maquis. Les colons, en reconnaissance de son acte d’allégeance à la puissance coloniale, l’auraient fait introniser roi sous le nom d’Agoli-Agbo.

Les auteurs affirment que les faits retracés dans l’œuvre sont très proches de la réalité. Mais, encore aujourd’hui, ce différend ancestral continue de diviser la grande famille royale d’Abomey où siègent deux rois : un descendant du roi Agoli-Agbo et un autre du roi Gbéhanzin, avec chacun son palais. La ville d’Abomey, à quelque 140 km de Cotonou, a été très prospère grâce au commerce d’esclaves puis au développement de la filière du palmier à huile, entre le XVIIe et le XIXe siècle. L’ensemble de ses palais royaux sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.

Il faut souligner que la Bande dessinée est parue en 2 000 exemplaires, elle a reçu le soutien de la fondation de l’opérateur mobile Moov et est disponible en librairie au prix de 8 000 francs CFA (environ 12 euros).

Hippolyte YEO

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