L’Etat béninois se retire désormais du protocole qui autorise tout citoyen à saisir directement la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). La décision fait suite aux reproches que le pays adresse à l’institution des Droits de l’Homme. Le pays critique les »dérapage » et »égarements » de l’institution qui l’éloignent de ses véritables compétences et du rôle crucial qu’elle doit jouer.
La Cour africaine des Droits de l’Homme (CADHP) est donc condamnable aux yeux du gouvernement béninois pour qui elle se heurte déjà à trop d’égarements qui perdent ses compétences et l’éloignent de son but. Ces allégations font suite à une injonction que l’instance de Droit a édicté à l’Etat du Bénin de suspendre les élections communales du 17 mai prochain et ce, sous la demande de l’opposant béninois, Sébastien Ajavon.
Sébastien Ajavon se plaint de « préjudices irréparables » en cas d’organisation des élections en son absence. Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Me Alain Orounla, a immédiatement réagi, fustigeant « une décision dont l’application remet en cause la souveraineté de l’État béninois. » Et d’ajouter qu’il « n’est pas dans les prérogatives de la CADHP d’enjoindre à un Etat d’interrompre son processus électoral qui est un acte de souveraineté », a-t-il déclaré.
Cette réponse a par ailleurs été suivie d’une décision par l’Etat béninois de se retirer du protocole qui permet à un citoyen de saisir directement la CADHP.
« Ce n’est pas la première fois que cette Cour outrepasse ses prérogatives pour s’immiscer dans des affaires qui ne la concernent en rien », a soutenu le ministre de la Justice, Séverin Quenum.
« Depuis plusieurs années déjà, les décisions rendues par la CADHP ont suscité de très vives préoccupations en raison de graves incongruités. C’est justement la réitération et la récurrence de ces dérapages qu’il n’est pas possible de sanctionner et que la Cour elle-même ne donne pas l’air de vouloir corriger en dépit des remous qu’elle suscite en son propre sein, qui ont amené notre pays à initier son désengagement de la compétence individuelle opérée et adressée au président en exercice de l’Union africaine et au président de la commission de l’Union africaine », a-t-il expliqué.
La nouvelle décision n’est visiblement pas du goût de bon monde. Il y a notamment l’ancien ministre de la justice de ce pays, Valentin Djènontin, qui affirme sans ambages que « cette posture du régime du président Patrice Talon confirme aux yeux du monde que le Bénin n’est plus un Etat démocratique », dans une publication sur sa page facebook.