Barbara Kanam : “Les Africains aiment les femmes en forme !”
Dans une interview accordée au magazine people ivoirien, TOP VISAGES, dans le cadre de la promotion de son nouvel album qui s’appelle ’’Zawadi’’ et qui veut dire en Swahili, »cadeau » , la belle chanteuse chanteuse congolaise, Barbara Kanam s’est adressée à ses fans….
• Tu as pris un envol international après la célébration en fanfare de tes 10 ans de carrière, en Côte d’Ivoire et à Paris. Comment vis-tu ce nouveau défi ?
– Merci de me donner l’occasion de parler aux lecteurs de Top Visages qui me connaissent depuis les débuts de ma carrière. Je vis ce nouveau défi avec beaucoup de bonheur, et un sentiment de reconnaissance. Parce que depuis quelques années, je me suis engagée dans plusieurs projets humanitaires. J’ai fait beaucoup de concerts à travers le monde, j’ai fait plusieurs collaborations. Et là, je reviens avec un nouveau bébé, appelé “Zawadi”.
• Tout va bien !
– Absolument, je suis heureuse ! Tout me réussit en ce moment, je suis très positive. J’ai beaucoup d’espoir et le public m’a bien adoptée depuis plusieurs années. Car, il a toujours bien réagi partout où je vais. C’est très chaleureux et ça me donne la force d’aller plus loin.
• Tu as pris quelques kilos. Généralement, en Afrique, c’est un signe de bien-être. C’est dire que Barbara Kanam a ’’un peu’’, comme on dit à Abidjan ?
– (Eclats de rire). On s’accroche, on se bat comme on peut. Seul le travail paie ! Ce n’est donc pas un crime de récolter le fruit de ses efforts. (Elle rit encore). On essaie d’organiser sa vie du mieux qu’on peut. C’est pas facile aujourd’hui de gagner de l’argent à travers la musique. C’est pas évident : être son propre producteur, avoir un label indépendant sachant que le marché du disque est vraiment en baisse, etc. Mais on est passionné de musique, on aime ce qu’on fait. On est obligé de se battre pour y arriver, malgré toutes ces difficultés. Si tu gagnes un peu, il faut en profiter. Je suis en forme parce que… (Elle éclate de rire)
• Parce que… ?
– Parce que je me sens bien dans ma peau ! Je suis heureuse (Fous rires). Voilà, c’est le plus important. Et je sais que les Africains aiment les femmes en forme (Eclats de rire). Voilà !
• Tu as fait ton dernier concert au New Morning pour marquer le volet international de tes 10 ans de carrière. Mais ce jour-là, on a eu vraiment chaud avec les «Combattants» congolais qui empêchent, depuis bientôt une décennie, les artistes congolais de se produire en spectacle en Europe ?
– C’est vrai. On a eu chaud, mais on a réussi à faire le spectacle. J’étais très touchée, parce que le public s’est opposé à leurs actions. Les spectateurs ont bravé les « Combattants » et sont entrés dans la salle. Ils étaient issus d’horizons divers. C’est ce que j’aime dans la musique. La capacité de réunir les gens d’horizons divers pour des moments de partage. C’est un bon moment que je n’oublierai jamais. Je dis vraiment merci à ce public. Tout le monde a chanté avec moi. Il y avait des Nigérians, des Ivoiriens, des Congolais, des Burkinabè, des Sénégalais… Disons, un public comme je l’avais rêvé, afin de donner une image de solidarité, de panafricanisme.
• Là, c’est la militante de la Paix et de l’Education de l’UNESCO, de l’ONU et de l’UNICEFF qui parle ! Qu’as-tu envie de dire aux «Combattants» qui empêchent la culture congolaise de s’exprimer en Europe ?
– Je dis aux gens : «balle à terre». J’ai toujours dit que la culture est un vecteur de développement. On ne peut pas s’en passer, si on veut aller de l’avant. Quand on empêche la culture de s’exprimer, on tue tout. Sans la culture, il n’y a pas de miroir, pas de mémoire, pas de vie. On reconnaît un peuple à sa culture. Nous devons donc protéger notre culture. Il faut regarder de l’avant, être positif. Nous devons unir nos forces et apprendre à nous pardonner. Il faut être tolérants les uns envers les autres. Car, c’est dans nos différences que nous puisons nos forces.
• Es-tu prête à te produire à nouveau à Paris ?
– Oui. Le prochain défi, c’est mon concert au Casino de Paris, en 2016. Je prépare ce rendez-vous pour donner une autre occasion à tout mon public de venir écouter mon nouvel album «Zawadi». C’est une aubaine pour démontrer tout ce que j’ai fait depuis ces années d’absence.
• Qu’est-ce qui fera la différence entre Zawadi et tes précédents albums ?
– C’est l’album le plus abouti aux plans de l’écriture, de l’esthétique et de la réalisation, au bout de 15 ans de carrière. J’ai exploré divers styles musicaux. Il y a des sonorités très actuelles. J’ai fait un featuring, par exemple, avec le groupe Bana C4 qui est très en vogue en ce moment. J’ai chanté avec Marvin, sur un Zouk arrangé pas Manu Lima, J’ai fait aussi une collaboration avec Didier Awadi, sur un titre qui s’appelle «Les voix du silence» où je parle de la situation des femmes à l’est de la République Démocratique du Congo. Je pense qu’il y a beaucoup de maturité, dans cet album. «Zawadi» signifie cadeau en Swahili, ma langue maternelle. C’est donc un cadeau que j’offre au public, aux mélomanes du monde entier. Ils y retrouveront une Barbara qui a vu, entendu et vécu beaucoup de choses et qui a envie de partager cela. «Zawadi» véhicule un message d’espoir et de solidarité.
• Barbara Kanam aux côtés de Didier Awadi. Tu deviens très engagée ?
– J’ai toujours été une artiste engagée. C’est pour cela que vous me voyez auprès de l’UNESCO, l’UNICEF, l’ONU… Mon combat consiste à sensibiliser, apporter à la jeunesse africaine une impulsion, un vent d’espoir. J’ai toujours soutenu la scolarisation des enfants. J’étais aux côtés de Tiken Jah Fakoly dans la campagne de lutte contre Ebola. Je m’inscris dans la même lignée que les grandes dames telles que Miriam Makéba, Nina Simone… des artistes qui allient l’art aux combats, au don de soi et à l’amour pour les autres.
• Que réponds-tu aux mauvaises langues, comme moi, qui diront que c’est le manque d’inspiration qui t’emmène à faire des collaborations pour intéresser le public des autres ?
– Comme tu n’es pas une mauvaise langue… (Rires), tu me poses une question très objective. J’aime les collaborations parce que c’est un moment d’échange, avec d’autres artistes. Ça me permet effectivement de gagner un autre public. «Zawadi» est un album de 14 titres. Mais sur ces 14 titres il n’y a que 3 collaborations. Les autres titres sont en solo où il y a de quoi satisfaire le public de tous âges. J’invite les gens à me découvrir. Mon univers musical est énorme. J’ai grandi au Congo entre Kinshasa et Lumumbashi. J’ai vécu en Côte d’Ivoire, je suis allée en Afrique du Sud. Je suis revenue avec ce métissage culturel qui fait le monde d’aujourd’hui.
• Tu seras sans doute à Abidjan pour présenter «Zawadi» ?
– Aah, toi aussi, Carino ! Bien sûr ! En août, je serai à Abidjan pour un show case. Tout le monde sait que la Côte d’Ivoire, c’est mon plus grand pays. C’est mon pays d’adoption. Je vais donc présenter «Zawadi» à ce public qui m’a découvert en 99 avec «Mokili».
• Toujours avec Koné Dodo ?
– Je ne suis plus avec Koné Dodo, mais il est toujours là. J’étais un enfant. Aujourd’hui, j’ai grandi. Je vole maintenant de mes propres ailes. J’ai créé mon propre label qui produit mes albums. J’ai produit «Karibu». Aujourd’hui, j’ai sorti «Zawadi» seule. Mais Koné Dodo est toujours là, dans l’ombre, parce que j’ai besoin de ses conseils. Je profite de cette occasion pour lui dire merci pour tout.
Source: TOP VISAGES