Banque Mondiale: «Nous ne voulons pas de relations entre colonisateur et colonisé», déclare un député tunisien à la Banque mondiale
Dans le but de rétablir les relations avec la Banque mondiale et en tenant compte du respect de la souveraineté des Etats et la mise en place d’un partenariat gagnant-gagnant, Haykel Mekki s’est exprimé devant le président de la commission des finances au Parlement. Il n’a pas manqué de pointer du doigt certains de ses collègues qui voudraient liquider les entreprises publiques via cette institution.
Haykel Mekki a par ailleurs révélé que les députés demandaient à la Banque mondiale de forcer la Tunisie à privatiser ses entreprises publiques. Cette déclaration a été faite au cours d’une réunion avec le responsable des opérations pour la Tunisie au sein de cette institution internationale.
«Certains députés incitent et appellent la Banque mondiale à poursuivre la mise en œuvre de ses politiques à travers la vente et la privatisation de certaines institutions publiques et par conséquent l’affaiblissement de l’État tunisien», a affirmé M.Mekki.
Afin d’apporter son soutien financier à la Tunisie qui se trouve dans une situation difficile à cause de l’impact de l’épidémie de la Covid-19, M.Verheigen a appelé le gouvernement tunisien à accélérer la mise en œuvre des réformes convenues dans le cadre de l’accord conclu entre les deux parties en 2018.
À ce sujet, Haykel Mekki a rappelé la nature des relations de son pays avec la Banque mondiale avant son indépendance. Il a souligné que « nous avions toujours contracté des prêts pour construire nos écoles, nos usines, nos hôpitaux, notre infrastructure et l’État tunisien et nous nous sommes toujours montrés responsables ».
Dans le même sens, le chef de la commission des finances a souhaité le rétablissement de relations fondées sur le respect mutuel des intérêts de chacune des parties. «Nous ne voulons pas de relations entre colonisateur et colonisé, mais nous voulons plutôt préserver notre partenariat traditionnel basé sur une relation d’amitié gagnant-gagnant», a-t-il plaidé.
Tout en appelant le responsable de la Banque mondiale à travailler avec le gouvernement tunisien pour la restauration d’une «relation de confiance», M.Mekki n’a pas manqué de souligner qu’« il y a de nouvelles institutions qui n’ont aucun background colonialiste comme les BRICS et autres qui proposent d’établir des relations avec la Tunisie».
Tony Verheigen a également souligné lors de la réunion à l’ARP qu’il faudra mettre l’accent sur la nécessité d’accélérer les réformes dans le secteur financier, la numérisation des services, le renforcement du Partenariat Public/Privé (PPP) et la réforme des entreprises publiques.
Aussi, les 945 millions de dollars alloués par la Banque mondiale à la Tunisie n’ont pas encore été retirés. Ainsi, il a proposé au gouvernement tunisien de procéder à leur décaissement afin de renforcer l’investissement dans le pays.
Crédit photo: Tunisie Numérique