Ce que pense Achille Mbembe du métissage de Lionel Zinsou
Ses adversaires politiques ont longtemps brandi l’idée de sa double nationalité et de sa couleur de peau afin de l’écarter de la course à la présidentielle du Bénin en remplacement de Yayi Boni. Mais Lionel Zinsou a quand même réussi à participer aux élections, et devient de ce fait une curiosité politique et même intellectuelle.
Interrogé sur la question par les confères de Jeune Afrique, Achille Mbembé disait ceci à ce sujet : « Lionel n’est pas seulement un ami, mais il est l’un des meilleurs dont nous, le Bénin, et l’Afrique disposons. Que l’on s’oppose à lui sur la base de son projet politique est une chose. Que l’on cherche à le disqualifier parce qu’il est métis, ou parce qu’il a la double nationalité, voilà une forme malheureuse de racisme. Est africain celui qui, volontairement, choisit de lier son sort à celui du continent. Ça n’a rien à voir avec la couleur de la peau ou avec les origines ethniques ou religieuses. Nous n’irons pas loin si nous n’acceptons pas qu’il y’a plusieurs manières d’être africain ».
Achille Mbembé n’a pas été tendre avec la présence de l’armée occidentale en Afrique, ni avec la Françafique qu’il a toujours combattu. Cette rigueur de la pensée critique peut se lire dans la réponse à cette question de jeuneAfrique :
- la plupart des guerres contemporaines, dites-vous, sont des guerres d’extraction et de prédation. Est ce aussi le cas de la guerre contre le terrorisme ?
« Tout ça est intimement lié. On ne peut rien comprendre à la guerre en Irak si on ne met pas au centre de la réflexion la question du pétrole. Même chose pour la Lybie. Le désordre en cours au Sahara est en partie lié à la lutte pour le contrôle des routes de la drogue, ou avec la mainmise sur les ressources du sous-sol. Chacune de ces guerres a une dimension économique. La peur de masse aussi est devenue un énorme marché ».