Assaut de Tripoli : Les Libyens piétinent des portraits d’Emmanuel Macron
Des centaines de Libyens ont manifesté vendredi à Tripoli contre une offensive de l’homme fort militaire Khalifa Haftar sur la capitale libyenne et ont accusé la France de le soutenir.
Vêtus de gilets jaunes, les manifestants ont envahi la place centrale de Tripoli pour se mobiliser en faveur du gouvernement d’union national (GNA), reconnu au niveau international.
« Nous sommes surpris par le comportement de la France face à l’attaque de Tripoli », lit-on sur les pancartes brandies par les manifestants.
Des portraits du président français Emmanuel Macron et des dirigeants égyptiens et saoudiens ont également été portés par des manifestants ou placés sur le sol pour que les gens les piétinent.
Le Marechal Haftar est considéré par ses alliés – l’Égypte et les Émirats arabes unis – comme un rempart contre les islamistes qui ont pris pied en Libye après le soulèvement de 2011.
« Les autres pays doivent cesser de s’ingérer dans les affaires libyennes », a déclaré Haifa Ferjani, une manifestante de 23 ans.
« La France dit qu’elle est une amie, mais elle soutient secrètement ceux qui attaquent notre ville et nos maisons », a ajouté la jeune femme.
L’armée nationale libyenne (LNA) de Khalifa Haftar, basée dans l’est du pays, a lancé une offensive le 4 avril pour prendre le contrôle de Tripoli, le siège occidental de l’AGN reconnue par l’ONU.
Jeudi, le ministre de l’Intérieur, Fathi Bach Agha, s’en est pris à la France, l’accusant directement pour la première fois de soutenir « le criminel Haftar ». Il a également ordonné la suspension de tout lien entre son ministère et la France dans le cadre des accords sécuritaires bilatéraux.
La France a immédiatement rejeté les accusations.
L’ambassade de France en Libye a tweeté vendredi que Paris était « opposée à l’attaque » contre Tripoli et a exhorté toutes les parties à respecter un cessez-le-feu et à entamer des négociations de paix.
« La France soutient le gouvernement légitime du Premier ministre Fayez al-Sarraj et la médiation de l’ONU en faveur d’une solution politique inclusive en Libye », a déclaré la présidence française dans un communiqué.
Plus de 200 personnes ont été tuées depuis l’éruption de la violence et plus de 900 ont été blessées, a déclaré jeudi l’Organisation mondiale de la santé.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations, plus de 25 000 personnes ont été déplacées.
Crédit photo : msn