Arabie Saoudite : un jeune de 26 ans exécuté pour avoir pris part à des manifestations
Un jeune saoudien a été exécuté mardi après la découverte d’une photo « offensante » dans son téléphone, à la suite de manifestations antigouvernementales auxquelles il avait pris part à l’âge de 17 ans. Mustafa al Darwish, 26 ans, a été exécuté bien que le royaume avait promis que la peine de mort ne s’appliquerait plus aux infractions commises lorsque les accusés étaient enfants.
Âgé de 17 ans, il avait pris part aux manifestations du Printemps arabe au sein de la minorité chiite du pays. Trois ans plus tard, en 2015, il a été arrêté et accusé d’une série d’infractions, dont la perturbation de la cohésion nationale. À l’époque, le jeune homme alors âgé de 20 ans a été libéré sans charge, selon sa famille, mais la police a confisqué son téléphone et a trouvé une photo jugée offensante.
Mustafa a été placé en isolement et sa famille a déclaré qu’il avait perdu connaissance à plusieurs reprises au cours de séances d’interrogatoire brutales. Il a par la suite déclaré avoir avoué les crimes sous la torture, puis s’est rétracté devant le tribunal, affirmant qu’il avait avoué pour ne plus être torturé. Après sa condamnation, il a passé six ans dans le couloir de la mort avant d’être exécuté mardi.
Sa famille, qui n’a découvert qu’il avait été exécuté qu’ après avoir lu un article en ligne, a déclaré : « Il y a six ans, Mustafa a été arrêté avec deux de ses amis dans les rues de Tarout. La police l’a relâché sans charge mais a confisqué son téléphone. Nous avons découvert plus tard qu’il y avait une photo dans son téléphone qui les avait offensés.
Plus tard, ils nous ont appelés et ont dit à Mustafa de venir récupérer son téléphone, mais au lieu de le rendre, ils l’ont placé en détention et notre souffrance a commencé. Comment peuvent-ils exécuter un garçon à cause d’une photo dans son téléphone ? Depuis son arrestation, nous n’avons connu que la douleur. »
Au cours des cinq dernières années, l’Arabie saoudite s’est engagée à plusieurs reprises à ne pas exécuter des personnes pour des infractions commises alors qu’elles étaient enfants. En avril 2020, la Commission saoudienne des droits de l’homme a annoncé un décret royal étendant la loi sur les mineurs et a ensuite insisté sur le fait que « personne en Arabie saoudite ne sera exécuté pour un crime commis alors qu’il était mineur. »
En février 2021, les autorités de Riyad ont déclaré au Conseil des droits de l’homme des Nations unies que « toute personne ayant commis un crime passible de mort alors qu’elle était enfant » sera soumise à « une peine maximale de dix ans dans une institution pour mineurs. » Mais après l’exécution de Mustafa, les militants craignent que d’autres jeunes, dont un qui n’avait que 14 ans au moment de ses crimes présumés, soit exécuté.
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