Après la présidentielle/ Pourquoi la France ne félicite pas encore Ouattara !
En Côte d’Ivoire, la France marche toujours sur des oeufs. Sa posture au lendemain de l’élection présidentielle controversée du 31 octobre le prouve à souhait. Sans féliciter Ouattara réélu, la France qui dit prendre note des résultats appelle la classe politique à des discussions.
C’est Soro Guillaume qui aurait peut-être raison: En France, les dirigeants politiques ne sont peut-être pas sur la même longueur d’onde concernant le dossier ivoirien. Ce dernier disait récemment à Paris que lui a le soutien de Macron et Ouattara, celui du Ministre des Affaires Etrangères Jean-Yves le Drian.
Faut-il analyser les appréhensions de l’exécutif français sur l’élection du 31 octobre 2020 sous ce prisme. Assurément oui, même s’il est trop tôt pour se convaincre de cette thèse. Ce qui est pourtant perceptible, c’est la gène diplomatique qui entoure la réaction du Quai d’Orsay.
Le 4 novembre, à la question de savoir si elle considérait « que le président sortant ivoirien Alassane Ouattara a été réélu « , la France a simplement dit avoir « pris note de l’annonce par la Commission électorale indépendante des résultats provisoires de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire.
Réponse sibylline et diplomatique qui laisse la place à toutes les interprétations possibles. Parce que derrière, Paris dit avoir relevé « également les fortes disparités de la participation électorale selon les régions du pays« . Justement, c’est ce que relève l’Union Européenne et plusieurs missions d’observation pour douter de la crédibilité de l’élection.
Mais alors que l’opposition a mis en place un Conseil National de Transition qui ne reconnait plus Alassane Ouattara, la France dit souscrire « à l’appel de la CEDEAO et de l’Union africaine de s’abstenir de toute initiative sortant du cadre constitutionnel. Mais alors que les deux camps s’accusent de violation du » cadre constitutionnel », comment peut s’analyser cette posture ?
Et alors que la désobéissance civile de l’opposition se poursuit et que des leaders de l’opposition sont assiégés par le camp Ouattara, la France « appelle tous les acteurs à mettre fin aux provocations et actes d’intimidation qui perdurent depuis le scrutin.« , ajoutant que « L’état de droit doit prévaloir ».
Mais qui viole au juste cet état de droit ? Ouattara qui se dit élu ou l’opposition qui ne le reconnaît plus ? Là encore, le langage diplomatique se veut des plus impénétrables.
Enfin, au vu de la situation de crise qui perdure, la France demande en » urgence » la reprise » du dialogue politique en Côte d’Ivoire favorisant la réconciliation par des mesures concrètes qui permettront de tourner la page de la violence et de la division ».
Cette claudication diplomatique française tranche nettement avec l’attitude de François Hollande en 2015. Le 28 octobre 2015, en effet, Hollande félicitait Ouattara seulement trois jours après son élection le 25 octobre. Le Conseil Constitutionnel n’avait même pas encore confirmé cette élection. Elle le fera 6 jours plus tard, le 2 novembre 2015. Les temps ont peut-être changé…