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Anna Jarvis: la femme qui a amèrement regretté avoir créé la Fête des Mères

Anna Jarvis, la femme à l’origine de la création de la fête des mères aujourd’hui devenue une fête internationale aurait eu une autre vision pour cette fête que celle que nous avons à ces jours.

Voir son projet prendre un autre entrain que celui qu’elle lui dessinait a été insupportable pour Anna Jarvis. La transformation en effet de la journée de la mère en une fête commerciale l’a horrifiée au point qu’elle a même fait campagne pour qu’elle soit annulée. C’est Katharine Antolini, professeure d’histoire au West Virginia Wesleyan College qui rapporte les faits, selon la BBC.

Issue d’une fratrie de 13 enfants, dont quatre seulement ont atteint l’âge adulte, son frère aîné était le seul à avoir des enfants, mais beaucoup sont morts jeunes de la tuberculose et son dernier descendant direct est mort dans les années 1980.

Anna Jarvis, née le 1er mai 1864 à Webster (la Virginie occidental) et décédée le 24 novembre 1948 à West Chester (Pennsylvanie), a hérité de sa propre mère, Ann Reeves Jarvis, la campagne pour une journée spéciale dédiée à la célébration des mères.

Selon le récit de l’historienne Katharine Antolini, la mère d’Anna Mme Jarvis avait passé sa vie à mobiliser les mères pour qu’elles s’occupent de leurs enfants, et elle voulait que le travail des mères soit reconnu. Toutefois, toujours selon l’historienne, Mme Jarvis aurait perdu neuf enfants sur treize pendant la guerre civile américaine (1861-1865).

Lorsque Mme Jarvis est décédée en 1905, entourée de ses quatre enfants survivants, Anna alors très chagrinée, a promis de réaliser le rêve de sa mère.

Alors que Mme Jarvis voulait célébrer le travail accompli par les mères pour améliorer la vie des autres, le point de vue d’Anna était celui d’une fille dévouée. Sa devise pour la fête des mères était « Pour la meilleure mère qui ait jamais vécu, votre mère ». C’est pourquoi l’apostrophe devait être au singulier et non au pluriel.

« Anna envisageait cette fête comme un retour à la maison, un jour pour honorer votre mère, la seule femme qui vous a consacré sa vie », dit Antolini. Ce message a pu toucher tout le monde et a également interpellé les églises.

Trois ans après le décès de Mme Jarvis, la première fête des mères a été célébrée à l’église méthodiste Andrews de Grafton. Anna Jarvis aurait choisi le deuxième dimanche de mai parce qu’il serait toujours proche du 9 mai, jour du décès de sa mère. Anna a distribué des centaines d’œillets blancs, la fleur préférée de sa mère, aux mères présentes.

La fête gagne si bien les cœurs que bientôt ne cessant de croître on ne pouvait plus « mendier, emprunter ou voler un œillet ». En 1910, la fête des mères est devenue un jour férié en Virginie occidentale et, en 1914, le président Woodrow Wilson l’a déclarée fête nationale.

Un fait marquant et qui est inadmissible pour Anna Jarvis : le fête gagne du succès, mais c’est seulement parce que derrière se cache un souffle commercial.

« Même si Anna n’a jamais voulu que la journée soit commercialisée, elle l’a été très tôt. L’industrie florale, l’industrie des cartes de vœux et l’industrie des bonbons méritent donc une partie du crédit pour la promotion de la journée », déclare Antolini.

Mais ce n’était absolument pas ce qu’Anna voulait.

Lorsque le prix des œillets a grimpé en flèche, elle a publié un communiqué de presse condamnant les fleuristes : « Que ferez-vous pour mettre en déroute les charlatans, bandits, pirates, racketteurs, kidnappeurs et autres termites qui sapent par leur avidité l’un des plus beaux, des plus nobles et des plus vrais mouvements et célébrations ? » En 1920, elle exhortait les gens à ne pas acheter de fleurs du tout.

La seule à ne pas avoir profité de la fête des mères, semble-t-il, a été Anna elle-même. Elle a refusé l’argent que lui proposait l’industrie florale.

Anna Jarvis: la femme qui a amèrement regretté avoir créé la Fête des Mères
ANNA DAVIS (1864-1948)

Anna et sa sœur Lillian, malvoyante, ont survécu grâce à l’héritage de leur père et de leur frère Claude, qui dirigeait une entreprise de taxis à Philadelphie avant de mourir d’une crise cardiaque.

Mais Anna a continué à dépenser chaque centime pour lutter contre la commercialisation de la fête des mères.

Avant même que cela ne devienne une fête nationale, elle avait revendiqué le droit d’auteur sur la phrase « Deuxième dimanche de mai, fête des mères », et menacé de poursuivre en justice quiconque la commercialiserait sans autorisation.

Parfois, des groupes ou des industries utilisent délibérément le pluriel possessif de « Fête des mères » pour contourner les revendications d’Anna en matière de droits d’auteur », explique M. Antolini. Un article de Newsweek écrit en 1944 affirmait qu’elle avait 33 procès en cours.

Anna Jarvis: la femme qui a amèrement regretté avoir créé la Fête des Mères

Elle avait alors 80 ans et était presqu’aveugle, sourde et démunie, et était soignée dans un sanatorium de Philadelphie. On a longtemps prétendu que l’industrie florale et celle des cartes payaient secrètement les soins d’Anna Jarvis, mais Antolini n’a jamais pu le vérifier. « J’aimerais penser qu’ils l’ont fait, mais c’est peut-être une bonne histoire et non la vérité », dit-elle.

L’un des derniers actes d’Anna, alors qu’elle vivait encore chez sa sœur, a été de faire du porte-à-porte à Philadelphie pour demander des signatures afin de soutenir un appel à l’annulation de la fête des mères.

SOURCE: BBC AFRIQUE

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