Algérie: un jeune blogueur en prison pour une interview avec un Israélien
Merzoug Touati jeune blogueur qui anime le site Al Hogra court le risque d’une peine de prison de 25 ans. L’état Algérien l’accuse d’ « intelligence avec une puissance étrangère« , après avoir diffusé en ligne son entretien avec un prétendu diplomate israélien.
Selon son avocat, le jeune blogueur était loin de s’imaginer que son post aurait eu de telles répercutions. Arrêté le 25 janvier, Merzoug Touati est depuis incarcéré et poursuivi en justice pour « intelligences avec une puissance étrangère ». Un chef d’inculpation qui peut lui valoir, selon l’article 71 du Code pénal algérien, entre dix et vingt ans de réclusion.
Tout commence le 9 janvier, quand Touati publie une vidéo, dans laquelle il s’entretient avec un prétendu diplomate israélien − dont l’identité demeure sujette à caution, le jeune blogueur algérien l’avait contacté par « une simple recherche Google » selon son avocat. Le but de Touati était d’interroger et élucider ses lecteurs sur les relations entre l’État hébreu et les pays arabes.
Des relations présumées entre Tel-Aviv et le Maghreb
Contrairement à ce que peuvent laisser entendre certains politiques de ces pays, l’interlocuteur du blogueur récuse toute ingérence d’Israël dans leurs affaires, notamment lors des soulèvements populaires de 2011. Surtout, il affirme qu’il existait des relations diplomatiques officieuses entre Tel-Aviv et les capitales maghrébines (notamment des bureaux de liaison à Tunis et Rabat) avant 2000, date de la seconde Intifada. Des accusations loin d’être anodines en Algérie, où le pouvoir refuse de reconnaître l’existence d’Israël et où le sentiment pro-palestinien reste très fort.
Merzoug Touati est diplômé en Economie Internationale, mais est au chômage depuis la fin de ses études universitaires. Pour survivre il enchaîne les petits boulots sur les chantiers. Le reste du temps, le jeune homme anime son blog, Al Hogra, où il égrène les accusations contre la corruption et la mauvaise gestion des autorités locales.
Ses publications lui avaient déjà valu une poursuite pour « incitation à un attroupement armé », une accusation qui pourrait resurgir et lui valoir un à cinq années de prison supplémentaire. « Il n’appelle pas à une insurrection armée, Il se revendique comme un militant pacifiste»
Depuis son arrestation, « la police a perquisitionné le domicile de Touati Merzoug et a saisi son micro-ordinateur ainsi que son appareil photo », relate la Ligue algérienne des droits de l’homme sur sa page Facebook. Les autorités le soupçonnent d’être lié à Slimane Bouhafs, un chrétien converti condamné en 2016 à trois ans de prison pour « offense à l’Islam et au prophète ». « Ce n’est tout simplement pas vrai, affirme Me Sofiane Ikken. Il a pu le soutenir sur Internet, comme beaucoup de gens, mais ils ne se connaissent pas. »
Nous y reviendrons