Afrique: Affaire biens mal acquis, la fille et le gendre de Denis Sassou NGuesso mis en examen.
Il se tient en ce moment à Paris, le premier procès des « biens mal acquis ». C’est dans ce cadre que la fille et le gendre du président congolais Denis Sassou Nguesso, ont été mis en examen cette semaine. En effet, cette interpellation répond au souci de faire la lumière sur l’origine du patrimoine colossal de familles de dirigeants africains en France.
En Mars dernier, les projecteurs étaient braqués sur le neveu du président, Wilfrid Nguesso. Cette semaine, c’est au tour de Julienne Sassou Nguesso, et son mari Guy Johnson, respectivement fille et gendre de l’ancien président, mis en cause pour les mêmes faits de « blanchiment de fonds publics détournés ».
Trois familles présidentielles
Propriétés dans les beaux quartiers de la capitale, dépenses somptuaires, voitures de luxe : depuis 2010, des magistrats financiers tentent de déterminer si les fortunes de trois familles présidentielles, celles de Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) de Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatoriale) et feu Omar Bongo (Gabon), ont pu être bâties sur le territoire national grâce à des deniers publics détournés de ces pays.
Cette enquête fait surface environ dix ans après les premières plaintes d’associations anticorruption. Ainsi, l’affaire dite des « biens mal acquis » a inauguré son premier procès lundi dernier devant le tribunal correctionnel de Paris, où le vice-président équato-guinéen et fils du président, Teodorin Obiang, est jugé en son absence, notamment pour blanchiment de détournement de fonds publics.
« Au moment où on s’approche de l’épilogue du volet Obiang, on s’approche de l’ouverture d’un procès du clan Sassou Nguesso ». Cependant, selon l’avocat des Sassou Nguesso, les pièces sur lesquelles se fonde cette enquête, « ne sont pas conformes à la réalité ».
Les raisons de la mise en case de Julienne Sassou Guesso et son mari
Julienne Sassou Nguesso, 50 ans, était agent d’assurance de profession, Guy Johnson, 53 ans, est juriste. Les enquêteurs s’interrogent sur l’origine des fonds qui ont permis au couple d’acheter en 2006, via une société civile immobilière (SCI), un hôtel particulier de la banlieue huppée de Paris, à Neuilly-sur-Seine, avec sept pièces et piscine intérieure, selon une source proche du dossier. À cet investissement d’un peu plus de 3 millions, s’est ajoutée une facture de 5,34 millions d’euros pour d’importants travaux réalisés entre 2007 et 2011.
Les enquêteurs, qui s’appuient sur des signalements de la cellule de lutte contre le blanchiment de Bercy (Tracfin), se sont intéressés à des mouvements financiers entre des banques de San Marin et des sociétés étrangères. D’après les investigations, plusieurs dizaines de millions d’euros en provenance d’entités publiques du Congo-Brazzaville, auraient été transférées depuis 2007 sur les comptes de diverses sociétés offshores basées aux Seychelles, à l’Île Maurice ou à Hong Kong, soupçonnées d’alimenter ensuite, en partie, le train de vie de certains membres du clan présidentiel, selon une source proche du dossier.
Les enquêteurs pensent que le couple aurait financé une partie des travaux par le biais d’une société seychelloise alimentée par le fruit de la vente des parts détenues par Julienne Sassou-Nguesso dans une société de télécommunications, qui serait liée à des « opérations de corruption », selon la même source. Ils s’interrogent aussi sur le rôle du gendre du président, apparu comme le gérant d’une SCI qui avait acquis en 2007 pour quelque 19 millions d’euros, un hôtel particulier dans le cossu 8ème arrondissement de Paris, et dont des parts étaient notamment détenues par le clan d’Omar Bongo, ainsi que son épouse, Edith Lucie Bongo Ondimba, aujourd’hui décédée, qui était la fille aînée du dirigeant congolais.
La justice a déjà saisi plusieurs propriétés du clan des Sassou Nguesso ainsi qu’une dizaine de voitures de luxe.