Accès refusé à une cliente dans un fauteuil roulant aux guichets de la Société générale
Mademoiselle Soro Néhouélé Ténin, âgée de 27 ans et ex-reine de la beauté de la ville de Korhogo (nord), s’est vu refuser l’accès à son compte bancaire domicilié dans une agence de la Société générale de banques en Côte d’Ivoire (SGBCI). Se déplaçant dans un fauteuil roulant suite à un accident de la circulation en 2009, au cours duquel, elle a perdu l’usage de ses membres inférieurs, Mlle Néhouélé Tenin n’a pas eu l’accès aux guichets de l’Agence SGBCI des Deux-Plateaux Vallons dans la capitale économique, Abidjan.
Les 10 et 13 août derniers, Miss Néhouélé Tenin connue sous le surnom de Tania affirme s’être rendue à son agence pour effectuer un retrait afin de payer ses soins de rééducation à Abidjan. Mais, contre toute attente, elle s’y est vue refuser l’accès au motif qu’elle ne peut y entrer dans son fauteuil roulant.
« Il m’a été proposé de me soulever et aller me mettre dans le fauteuil à l’intérieur de la banque. J’ai estimé que c’est humiliant et me rappeler le douloureux souvenir des premiers moments de l’accident où j’étais paralysée des quatre membres. Malgré toutes ces explications, j’ai été refoulée comme un malpropre, traitée comme un sous-homme pour mon handicap. D’où ma plainte » explique l’ex-reine de beauté.
Depuis 2005, elle a ouvert un compte dans les livres de cette agence où elle a toujours effectué ses opérations courantes sans la moindre difficulté, raconte-t-elle, comme le rapporte abidjan.net.
En dépit de toutes les tentatives pour un règlement à l’amiable, elle dit n’avoir obtenu gain de cause.
« L’inaccessibilité à mon compte a pour effet de me priver de soins puisque je ne peux ni faire mes examens ni acheter mes médicaments. Je dois changer la sonde et les couches. Pour éviter des infections, il faut des gangs. N’ayant plus l’argent pour la payer, ma fille de ménage est partie. La SODECI était venue enlever le compteur. C’est une âme compatissante qui a sauvé la situation ».
« Je n’ai pas eu besoin d’une action judiciaire contre une banque pour payer mes soins ici comme en Tunisie. Ce n’est pas sur cette procédure non plus que je compte pour mes soins. Je veux juste prendre ce qui m’appartient et dans des conditions de dignité et de respect de mon état. Je refuse d’être traitée comme un sous-homme, à la limite comme un animal pour mon handicap », poursuit-elle, amère avant d’éclater en sanglots.
Selon Me Soro Bako, le conseil ladite banque, l’ancienne directrice de l’agence permettait aux agents de sécurité de désactiver le système de sécurité en ouvrant toutes les portes à la fois pour permettre le passage de personnes handicapées dans un fauteuil roulant.
Mais que pour des raisons de sécurité évidentes, la direction générale n’a pas souhaité continuer à mettre en danger les dépôts des autres clients avec le risque de braquage.
Dans le cas d’espèces, il a été proposé à la cliente de se mettre debout quelques secondes pour permettre d’ouvrir la porte qui bloque le passage ou d’accepter d’être dirigée vers une autre agence, notamment le siège où elle serait confrontée au problème des escaliers. Elle a refusé ces propositions. La banque ne refuse pas qu’elle ait accès à son compte. Seulement, elle ne peut pas mettre en place un système de transport ou de locomotion pour les besoins d’un seul client
indique Me Soro.
L’affaire a été déférée devant le Tribunal du Commerce d’Abidjan où les deux parties se sont retrouvées. Le verdict rendu public le 14 octobre dernier, a condamné ‘la SGBCI ,qui a interjeté appel de la décision, à permettre à Mme Soro Ténin d’avoir librement accès à la banque et à son compte bancaire pour y effectuer des opérations. Et ce, sous astreinte comminatoire de 200.000 F CFA par jour de retard à compter de la signification de la présente décision », précise la grosse du jugement.
‘’En refusant de se plier au verdict du tribunal, la banque a décidé de m’emmerder et me tuer à petit feu. Je ne vais pas me laisser faire », réagit Mlle Soro, avant l’audience en appel fixée au 15 janvier 2016.
Pour l’heure, plusieurs internautes ont décidé de soutenir Mlle Soro Néhouélé Ténin, en publiant des slogans sur les réseaux sociaux afin que les plus hautes autorités se saisissent de l’affaire.