Extraits du célèbre discours de Mobutu à l’ONU (partie 1)
Mobutu, ancien roi du Zaïre, comme il aimait bien se faire appeler, est et demeure dans la grande histoire de l’Afrique postcoloniale. Qu’il y soit comme un grand homme ou comme un triste tyran, il est impossible de parler de cette Afrique là sans l’évoquer. Son aura allait au delà de ce continent, et son influence traversait les continents.
Dans les années 70 à l’ONU, il a tenu un discours mémorable. Resté aujourd’hui dans la liste élogieuse des plus grands discours du XXe siècle. Nous vous en livrerons l’intégralité en extrait, en plusieurs chapitres.
« On ne peut non plus justifier l’appellation de « tiers-monde » sous l’angle géographique ni sous l’angle des populations, car le tiers-Monde ne constitue pas le 1/3 de l’humanité mais plutôt les 2/3″, « le terme de « tiers-Monde » s’accompagne d’une idée de mépris. Par conséquent, cette appellation est surannée. Pour les gens qui l’ont inventé, il existe des pays qui forment le Bloc de ce qu’on appelle l’Ouest et les autres qui forment le Club de ce qu’on appelle l’Est. En dehors de ceux-là, on met tous les autres dans le même panier sous le vocable de « tiers-Monde ». Le mépris qu’éprouvent certains pays colonialistes ne s’arrête pas là, car ils avaient commencé par appeler les pays dits du tiers Monde : « pays arriérés ! »
« Au Zaïre, nous nous demandons ce que signifie exactement le développement. Peut-on appeler « Pays Développés », des pays qui possèdent un nombre impressionnant de voitures, qui construisent des milliers de kilomètres d’autoroutes, qui polluent les eaux, les mers et l’air ? Faut-il appeler « Pays Sous-Développés », ceux dont les habitants sont pauvres, certes, mais équilibrés ? Où l’on compte moins de cas de suicides ? Où il y a moins de meurtres, et moins de déséquilibrés et de sadiques ? Je vous avoue que je n’ai jamais considéré le Zaïre, mon pays, comme sous-développé. Car mon peuple est discipliné, travailleur, digne et fort. Alors que les pays qui se disent développés sont le théâtre de désordres sociaux, de grèves sauvages. C’est pourquoi nous préférons au terme de « développement » celui « d’équipement ». »
« Le monde se divise en deux camps : les dominés et les dominateurs, les exploités et les exploiteurs. Les pays pauvres ne le sont pas par incapacité congénitale, ils le sont par suite de l’histoire, qui a fait que certains pays ont dominés, exploités et pillés d’autres pour s’enrichir. Quand le riche devient toujours plus riche, et c’est de la logique mathématique, quand le riche exploite le pauvre, le riche devient de plus en plus riche, et le pauvre, de plus en plus pauvre…