Dadis Camara devait prendre la parole aujourd’hui pour dire sa part de vérité dans l’affaire dite du » massacre du 28 septembre 2009 » en Guinée. Bien que présent à la barre, l’ex-chef de la junte guinéenne n’a pu témoigner. L’un de ses avocats en donne les raisons, quant celui du commandant Toumba Diakité évoque une peur de la justice.
Le capitaine Dadis Camara, ex-chef d’Etat de la Guinée était devant les juges du tribunal criminel qui doit tirer au clair l’affaire du 28 septembre 2009. Cependant, son témoignage tant attendu n’a pu avoir lieu. Le prévenu a fait cas de son état de santé actuel qui ne lui permettrait pas de soutenir ses arguments devant les juges. Un argument appuyé par Me Lama, l’un de ses conseils.
« Il y a treize ans que le président Dadis attend ce procès et quand il est rentré de Ouagadougou, depuis la première audience, il était prêt à prendre la parole, à livrer sa part de vérité. Mais malheureusement ces derniers temps il a eu ces soucis de santé qui n’ont pas été consolidés jusqu’à date. Si aujourd’hui, le tribunal, en toute souveraineté, a décidé que ce soit son tour de parole et qu’il ne se sent pas bien, c’est tout à fait son droit de dire ça au tribunal et le tribunal n’a pas d’autres obligations que de comprendre et de tirer toutes les conséquences de droit. C’est ce que le tribunal a fait », a déclaré Me Pépé Antoine Lamah.
Pour Me Sylla, avocat de Toumba Diakité, conteste cet argument en ces termes: « Nous avons voulu qu’il nous présente un dossier médical. Lorsque quelqu’un invoque son état de santé pour faire renvoyer une affaire, l’intéressé doit être de même à prouver au moins qu’il est malade à travers la production d’un document médical et cela n’a pas été fait. Sur la base de quoi, le président a décidé en dehors de ses déclarations. Nous aurions souhaité entrer en possession d’une copie de son dossier médical, un document qui atteste qu’il souffre de telle pathologie et que son état de santé ne lui permettait pas de comparaître. Mais rien de tout cela n’a été fait et vérifié sur la base de ces simples déclarations, le président a pris cette décision de renvoyer cette affaire. » Me Sylla pense que Dadis Camara a peur de la justice.
« Ce n’est pas par peur d’affronter les débats, ce n’est pas par peur de livrer sa part de vérité. Le président Moussa Dadis Camara a été toujours pressé pour prendre la parole et livrer sa part de vérité dans ce dossier. À l’audience prochaine, vous verrez, il sera en très bonne forme. Il livrera sa part de vérité, il va s’exprimer librement face au tribunal et il va se défendre conséquemment. », renchérit son confrère Me Lama, avocat de Dadis.
« Je regrette que cette question soit l’objet de polémique. Un bulletin médical est confidentiel. Le président Dadis Camara n’a pas besoin de soumettre son bulletin médical à son adversaire. C’est une question éminemment personnelle. On ne peut pas juger une personne qui ne se sent pas bien, indépendamment de la présentation d’un bulletin médical, indépendamment du rapport d’un médecin« , fait savoir Me Lama qui ajoute que Dadis Camara est rentré de lui-même en Guinée. Il n’a donc pas peur de la justice.