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Tchad : Le manque de pluie aggrave la situation de la malnutrition

« Si la pluie nous abandonne à nouveau, nous ne savons pas ce que nous ferons »

Le manque de pluie exacerbe une situation de malnutrition déjà catastrophique au Tchad

Khadidja Iba, la trentaine, est assise sur une natte colorée dans la salle d’attente d’un centre d’alimentation thérapeutique mis en place par Médecins Sans Frontières (MSF) à Massakory, une petite ville de la ceinture sahélienne du Tchad. Cette mère de six enfants a marché pendant deux heures pour amener son plus jeune enfant, Sara, âgée de 9 mois, pour une visite de suivi. L’enfant est inscrite au programme nutritionnel de MSF depuis un mois. Après une évaluation avec le personnel de santé de MSF, Khadidja reçoit des paquets rouge vif de Plumpy’Nut, une pâte d’arachide à haute teneur énergétique utilisée pour traiter la malnutrition, qu’elle donnera tous les jours au bébé jusqu’à sa prochaine évaluation la semaine suivante.

MSF a lancé une intervention nutritionnelle dans la province tchadienne du Hadjer Lamis en septembre 2021, après une alerte concernant un nombre important de cas de malnutrition aiguë sévère dans la région – plus de 28 000 prévus en 2021 – et avoir appris que seul un des cinq districts sanitaires de la province recevait un soutien.

La malnutrition est une crise récurrente et chronique au Tchad, et touche particulièrement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes. Les causes de la malnutrition sont complexes, et incluent les mauvaises récoltes, les choix alimentaires inadéquats ainsi que les facteurs socioculturels. Cette année, la situation a été exacerbée par une saison des pluies inhabituellement courte.

« Il y a eu très peu de pluie cette année. C’était pire que toutes les années dont je me souviens », déclare Khadija Iba. « Nous n’avons pratiquement rien récolté. Nous devons acheter des légumes au marché, mais tout coûte presque deux fois plus cher maintenant. Nous n’avons pas assez à manger. »

Tchad : Le manque de pluie aggrave la situation de la malnutrition

L’insécurité alimentaire n’est pas la seule préoccupation des personnes vivant dans cette région aride et inhospitalière. Pour beaucoup, le manque d’eau est un problème majeur. « Nous avons deux puits dans mon village, mais ce n’est pas suffisant pour tous les gens et les animaux. Je dois pomper pendant cinq à six minutes pour obtenir de l’eau », explique Khadidja Mahamat, 25 ans. « L’eau a mauvais goût, nous la donnons surtout aux animaux. Pour avoir de l’eau potable, je vais à dos d’âne dans un autre village. Il me faut une heure et demie seulement pour l’aller. »

La mauvaise qualité de l’eau provoque des diarrhées et d’autres problèmes de santé, ce qui augmente le risque pour les enfants d’être malnutris.  

En plus de traiter les enfants dans les centres de nutrition thérapeutique de sept districts sanitaires de la province et de soutenir le traitement des enfants souffrant de malnutrition sévère à l’hôpital de Massakory, les équipes MSF se rendent également dans les villages reculés du Hadjer Lamis pour apprendre aux mères comment prévenir et détecter la malnutrition chez les enfants. Les promoteurs de santé montrent aux mères comment utiliser les bandes MUAC, une bande de papier de couleur qui est enroulée autour du bras de l’enfant et qui indique si l’enfant est en bonne santé, modérément ou sévèrement malnutri.

Dans ces villages, les équipes trouvent surtout des femmes, des enfants et des hommes âgés. Beaucoup d’hommes plus jeunes sont partis pour trouver du travail dans d’autres régions du Tchad ou dans les pays voisins comme le Cameroun, le Niger et la Libye. D’autres ont emmené leur bétail dans le sud du pays, à la recherche de meilleurs pâturages. La plupart des hommes reviendront pour la prochaine période de semis. Cette migration temporaire est un mécanisme d’adaptation qui n’est pas nouveau, mais Osman Abakar, la cinquantaine, affirme que cette année, les jeunes hommes sont partis plus tôt que d’habitude en raison de la mauvaise récolte. « Nous avons peur de l’avenir », dit-il. « Tout ce que nous pouvons faire, c’est attendre les prochaines pluies. Si la pluie nous abandonne une autre fois, nous ne savons pas ce que nous ferons. « 

MSF a reçu l’alerte concernant Hadjer Lamis relativement tard, après la phase la plus aiguë de la malnutrition, et si l’équipe a traité plus de 1 600 enfants dans des centres de nutrition thérapeutique ambulatoires au cours des 15 premières semaines, elle se prépare aussi pour l’année prochaine.  » Il y a une certaine crainte que le pire soit à venir, que la période de soudure commence plus tôt que d’habitude et qu’elle puisse être plus longue et plus grave « , explique Ibrahim Barrie, responsable de l’équipe médicale MSF sur place.  » C’est une crise continue, ce n’est plus seulement une période de soudure. Alors que le financement de la nutrition et de la sécurité alimentaire au Tchad a diminué, nous avons besoin d’une meilleure réponse de l’aide pour empêcher les enfants de mourir de malnutrition. »

La région du Sahel est considérée comme l’une des plus vulnérables du monde au changement climatique, avec des températures en hausse, des précipitations irrégulières et une désertification croissante. Au cours des dix dernières années, les zones saharienne et sahélienne du Tchad se sont étendues de 150 km vers le sud, entraînant une réduction des zones de culture et de pâturage.

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