Après la crise postélectorale de 2010-2011, et lors de la dernière élection présidentielle, plusieurs Ivoiriens ont été arrêtés puis incarcérés dans des geôles du pays. Pour rétablir la paix, le Président de la République, Alassane Ouattara a installé un ministère en charge de la réconciliation nationale, piloté par Kouadio Konan Bertin. La libération des prisonniers ne peut-elle pas décrisper un tant soit peu la conjoncture politique délétère actuelle que traverse le Côte d’Ivoire ?
A l’issue de l’élection présidentielle de 2010, lorsque le régime actuel accède au pouvoir d’Etat, plusieurs jeunes, hommes et femmes ayant été accusés d’avoir soutenu le régime Gbagbo ont été purement et simplement arrêtés puis conduits dans les prisons du pays.
En novembre 2020, plusieurs organisations de la société civile dont la Plateforme pour l’Engagement Citoyen de Côte d’Ivoire (PEC-CI), une structure réclamant en son sein 35 organisations de la société civile ivoirienne, ont invité le gouvernement à libérer les prisonniers politiques. Cette demande, selon cette organisation, visait à faciliter la réconciliation nationale.
Avant les élections présidentielles du 31 octobre passé, plusieurs manifestations ont éclaté à travers le pays en raison de la candidature jugée illégale du Chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Tout le monde sait ce qui s’en est suivie. Plusieurs cadres et jeunes accusés d’avoir mené la désobéissance civile, ordonnée par l’opposition, ont été arrêtés puis conduits en prison. Parmi les personnes arrêtées se trouvaient des leaders de l’opposition, notamment Pascal Affi N’guessan, Maurice Kacou Guikahué et plusieurs leaders de jeunesse.
Pulchérie Gbalet, fervente militante de la société civile et présidente d’Alternative citoyenne ivoirienne (ACI) n’est pas passée dans les mailles du filet. Cette dernière a été arrêtée la nuit du 15 au 16 août 2020 et est toujours détenue à la Maison d’Arrêt et Correction d’Abidjan (MACA) pour avoir initié une marche de protestation contre la candidature d’Alassane Ouattara.
Lors de son traditionnel discours, à la veille du nouvel an, le 31 décembre 2020, Alassane Ouattara avait annoncé la libération de 2000 prisonniers condamnés pour des infractions mineures. Cette annonce avait suscité la joie dans plusieurs familles, mais à ce jour l’on ne sait si cette promesse a été transformée en acte. Malgré la libération de certains prisonniers, nombreux sont encore derrière les barreaux selon nos sources.
Selon prisonniers sans frontières, ce sont 11 000 prisonniers qui sont repartis dans 23 prisons et un camp pénal.
Derrière le visage reluisant présenté, se cache un climat politique délétère et des familles attristées dans le pays. Un ministère de la réconciliation a vu le jour dans l’optique d’apaiser les cœurs. Mais sans la libération de les prisonniers, le candidat malheureux à l’élection présidentielle passée, Kouadio Konan Bertin alias KKB, qui assure le portefeuille de la réconciliation pourra-t-il réussir sa mission ? Une chose est sûre, l’ancien patron de la jeunesse du PDCI-RDA est sous les feux des projecteurs.
Après sa nomination, le très turbulent cadre du PDCI a indiqué qu’il mettra toutes les chances de son côté afin de ramener la paix en Côte d’Ivoire.
Rappelons toutefois que le Président Alassane Ouattara, après sa dernière réélection, avait promis mettre tout en œuvre afin que « les Ivoiriens retrouvent la Paix, la concorde et le vivre ensemble ».