Mahamadou Issoufou qui se veut le chantre des vertus cardinales de la démocratie se défend de façon absolument curieuse quand on lui retorque qu’il fait partie des présidents africains qui restreignent les libertés démocratiques et traquent les opposants.
Il n’a pas succombé à la tentation du 3e mandat comme Condé en Guinée et Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire et il risque, avec l’aide d’une communication bien huilée par la France, de se présenter comme un grand démocrate. Mahamadou Issoufou est sur sa lancée. Pourtant derrière ce storytelling, une bien triste réalité est implacable: Issoufou est encore là.
L’élection qui s’est déroulée au Niger est l’une des plus grandes farces démocratiques jamais organisées en Afrique de l’ouest. Elle met en présence un camp totalement acquis à la France et une opposition ostracisée à souhait. Mohamed Bazoum, ancien des services de Renseignement, candidat désigné par Issoufou est le pion de la France.
Et pour bien faire les choses, c’est le fils du président sortant qui est la cheville ouvrière de sa campagne présidentielle. Issoufou a donc encore le contrôle sur l’appareil qui veut installer Bazoum. Il est parti pour mieux rester en fait. De plus, en écartant judiciairement Hama Amadou, son épouvantail, Issoufou s’assurait de ne pas voir compétir un président potentiel. C’est un « géré, bouclé » à la nigérienne dans les faits.
A ceux qui en interne et à l’extérieur ne gobent pas totalement ce parangon de vertus surmédiatisé par les médias français, Issoufou répond: « La démocratie c’est la liberté et l’ordre »(…) Il y pas de démocratie sans ordre, de la même manière qu’il n’y a pas de démocratie sans liberté ». Au Niger, la vérité sur le régime autocratique Issoufou est occultée par une belle communication, mais tout se saura, si les Nigériens le veulent.