Il y a 9 ans, des Libyens servaient de bras armés d’une coalition occidentale pour assassiner Mouammar Kadhafi. Ce 20 octobre 2011, ils criaient enfin leur joie de vivre la démocratie qui leur fut miroiter par la coalition qui a bombardé la Libye. Une décennie plus tard, ils goutent aux merveilleux délices de la démocratie des bombes.
Ils se disaient libérés de la dictature de Mouammar Kadhafi. Ils espéraient une vie plus radieuse que celle qu’offrait le régime du Guide de la révolution libyenne. Ils ont donc fêté avec faste l’assassinat crapuleux du Colonel Kadhafi le 20 octobre 2020.
9 ans après, la Libye est un pays méconnaissable. Un pays au bord, sinon dans le chaos total. Un pays « deplannifié », devenu le terrain de jeu d’une féroce bataille géopolitique entre plusieurs puissances occidentales, sous-régionales aux intérêts bien divers et divergents.
Depuis le 23 octobre , date de la « libération totale du pays « , la Libye est tiraillée entre deux gouvernements. Au grand dam des populations, sortant peu à peu des illusions vendues pour attaquer la Libye.
Mais les fruits de la démocratie des bombes sont aussi consommés par ses promoteurs. En effet, le 11 septembre 2012, quatre Américains, dont l’ambassadeur Christopher Stevens, sont tués dans une attaque contre leur consulat à Benghazi.
L’autre pays impliqué dans la coalition contre Khadafi en a pour son compte également. Le 23 avril 2013, un attentat à la voiture piégée à l’ambassade de France à Tripoli, blesse deux gardes français. Aussitôt, la plupart des ambassades étrangères ferment. Elles étaient pourtant tranquilles sous le « dictateur » Khadafi.
Et depuis 2014, c’est le délitement total de l’État libyen. Le 16 mai 2014, le général dissident Khalifa Haftar, proche de l’Égypte et des Émirats arabes unis, fait son apparition musclée. Il lance, avec son » Armée Nationale Libyenne », une opération contre les groupes jihadistes à Benghazi. Il est depuis, en guerre désormais contre le gouvernement de transition de Fayez Al- Sarraj cornaqué par les puissances occidentales.
Pendant qu’ils se battent sur la manne pétrolière et les réserves de gaz de la Libye, les occidentaux ont fait du pays une zone de non-droit. Tripoli est devenue la plaque tournante de l’immigration clandestine vers l’Europe. Là où les Africains se sédentarisaient en Libye sous Khadafi, le pays est devenu une zone de transit vers l’Europe.
De plus, le traitement inhumain dont sont victimes les candidats à l’aventure ont mis la Libye au ban de la communauté internationale. L’esclavage moderne y est pratiqué avec une inhumanité révoltante.
Au plan économique, la croissance du PIB sera négative sur l’exercice 2020 (-19,4 %), selon un rapport de la Banque Mondiale. Aussi, les économistes notent que faire des affaires en Libye comporte assez de risques. L’environnement des affaires y est déficient selon le classement Doing Business de février 2020 (186/190 dans le classement Doing Business 2020).
9 ans après la mort brutale de Khadafi, les Libyens ont une occasion indéniable d’apprécier les bienfaits de la démocratique qui a servi de terreau à l’attaque de leur pays par les USA, la Grande-Bretagne et la France. Son fantôme hante en plus des Libyens, un certain Nicolas Sarkozy…