C’est un nouveau bilan de deux morts qui vient d’être enregistré en Guinée, à l’issue des échauffourées qui ont opposé, le lundi 4 novembre 2019, les forces de l’ordre au cortège funèbre des victimes des manifestations des 14 et 15 octobre dernier.
C’est la police guinéenne qui a dressé ce bilan, évoquant également au moins un blessé. L’opposition, de son côté a fait état d’au moins six personnes blessées.
Selon une source officielle, les échauffourées ont commencé après la prière sur les corps à la mosquée de Bambéto, quartier périphérique de Conakry.
Deux personnes sont mortes, mais le communiqué du ministère guinéen de la sécurité ne précise pas si elles ont été tuées par balle.
Le ministre de la Sécurité et de la protection civile a présenté ses condoléances aux familles des victimes. Il a également donné des instructions pour que des enquêtes soient ouvertes sur les circonstances de ces décès, appelant les Guinéens au calme.
Plusieurs milliers de personnes ont d’abord suivi le cortège dans le calme, mais les choses ont dégénéré au niveau du rond-point de Bambeto. Précédé d’une foule compacte et dense, le cortège funéraire s’est dirigé vers la mosquée de Bambeto lorsque les premiers heurts ont éclaté au niveau du rond-point.
Le gaz lacrymogène se répand dans la masse, surchauffée par un soleil ardent. Les jeunes répliquent par des jets de pierre. La panique est totale. Les canons à eau entrent en action. Des barricades sont érigées, des pneus brûlés.
Les onze corps pénètrent malgré tout dans la mosquée, suivis des principaux leaders de l’opposition politique. Pendant la prière, l’étau se resserre sur le lieu de culte, mais les manifestants parviennent à sortir les cercueils, chacun recouvert d’un drapeau guinéen. Ils prennent la direction du cimetière, de nouveaux tirs de lacrymogènes sont lancés, puis les forces de l’ordre finissent par reculer devant la foule.
De nombreux blessés – certains inconscients – sont évacués par la Croix-Rouge et des véhicules privés. On entend de nombreux tirs. Gendarmes et policiers rentrent dans les quartiers armés de frondes et de pierres en criant notamment « nous allons tous vous tuer » ou encore « vous n’êtes pas des Guinéens », selon RFI.
Deux témoins parlent aussi d’armes à feu. Ils forcent les portes des concessions et procèdent à des arrestations. Les affrontements se sont poursuivis en fin d’après-midi.
« Alpha Condé n’a pas voulu pas qu’il y ait un cortège à partir de l’hôpital Ignace Deen, il s’était même permis, à la grande surprise de tout le monde, d’extraire les corps de la morgue et de venir les jeter dans la cour de cet hôpital. Les corps que vous voyez, la plus part sont décomposés en raison des traitements inhumains qu’Alpha Condé leur a infligés », s’indigne Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition guinéenne avant la levée des corps à l’hôpital sino-guinéen.
Nouveau regain de violence, donc, après deux manifestations qui s’étaient pourtant déroulées sans problème. Il faut rappeler que la mobilisation a débuté à la mi-octobre par des manifestations d’abord interdites au cours desquelles ont été tués les 11 jeunes enterrés ce lundi. Les condamnations ont été vives à l’international et le gouvernement a semblé jouer l’apaisement puisque la marche suivante avait été autorisée.
Le pouvoir avait même répondu en organisant sa propre manifestation, mais les tensions ont continué à se cristalliser autour de cette question des funérailles. Elles devaient d’abord avoir lieu la semaine passée, dans le centre-ville, mais au dernier moment, le gouvernement a fait savoir que les autopsies n’étaient pas terminées après deux semaines. Puis les corps ont été déplacés d’un hôpital à l’autre provoquant la colère et l’indignation.
Photos: RFI