La Belgique s’excuse pour l’enlèvement des enfants métis dans des colonies africaines
Le Premier ministre belge Charles Michel s’est excusé pour l’enlèvement de milliers d’enfants métis nés sous le régime colonial au Burundi, en RD Congo et au Rwanda.
Les « métis » nés de colons belges et de femmes locales ont été emmenés de force en Belgique et pris en charge par des ordres catholiques et d’autres institutions. On dénombre environ 20 000 enfants arrachés à leur mère. La plupart des pères refusaient de reconnaître la paternité de leurs enfants.
Ils sont des milliers d’enfants nés dans les années 1940 et 1950 et emmenés en Belgique de 1959 jusqu’à l’indépendance de chacune des trois colonies. Certains des enfants n’ont jamais reçu la nationalité belge et sont restés apatrides.
S’exprimant devant le Parlement belge, M. Michel a déclaré que le pays avait violé les droits fondamentaux des enfants, ajoutant que ces derniers ont été dépouillés de leur identité, stigmatisés et séparés de leurs frères et sœurs.
« Au nom du gouvernement fédéral, je présente nos excuses aux métis issus de la colonisation belge et à leurs familles pour les injustices et les souffrances qu’ils ont subies. Je fais le vœu que ce moment solennel représentera une étape supplémentaire vers une prise de conscience de cette partie de notre histoire nationale ».
« En mettant en place dans l’Afrique coloniale belge un système de ségrégation ciblée à l’encontre des métis et de leurs familles, l’État belge a posé des actes contraires au respect des droits humains fondamentaux. C’est pourquoi, au nom du gouvernement fédéral, je reconnais la ségrégation ciblée dont les métis ont été victimes sous l’administration coloniale du Congo belge et du Ruanda-Urundi ainsi que la politique d’enlèvements forcés y afférente », a souligné le Premier ministre belge
Il y a deux ans, l’Église catholique s’est excusée pour son rôle dans ce scandale.
L’année dernière, les députés belges ont appelé le gouvernement à aider les victimes à retrouver leurs parents biologiques et à obtenir la nationalité belge.
Les groupes miXed202020 et Métis de Belgique affirment que beaucoup d’enfants enlevés ont « souffert profondément » à cause de leur expérience.
Nombre d’entre eux n’ont toujours pas accès à l’acte de naissance et restent dans l’impossibilité de retrouver leur mère ou leur père belge.
Georges Kamanayo, l’un des enfants emmenés en Belgique, a déclaré que les excuses de M. Michel étaient « la reconnaissance ultime d’une injustice ».
« Cela fait longtemps que nous nous sentons comme des Belges de troisième rang » a-t-il déclaré au quotidien De Standaard.
« Dans la colonie, nous étions séparés des enfants blancs. C’était de la ségrégation pure et simple. On a essayé de s’immerger en Belgique, pour ne pas se faire remarquer », a-t-il ajouté.
La Belgique a été particulièrement brutale pendant la période coloniale. On estime qu’entre 10 et 15 millions d’Africains ont été tués pendant son règne au Congo belge, maintenant connu sous le nom de République démocratique du Congo.
Le mois dernier, le Groupe de travail d’experts des Nations Unies sur les personnes d’ascendance africaine a demandé à la Belgique de s’excuser pour les atrocités commises pendant son ère coloniale.
Crédit photo : newspunch