27 avril 2011/ Ouattara, Soro: 10 ans après, qui a donné l’ordre de tuer « le Général » Ibrahim Coulibaly
Il se prenait pour le Robin des Bois des temps modernes. Au service d’Alassane Ouattara, il a carrément oublié qu’il était un soldat de la Nation. Dès 1990, tout ce qui lui passe par la tête c’est d’organiser les conditions militaires puis politiques pour que son mentor prenne le pouvoir. C’est dans cette vie de « faiseur de coup d’État » qu’Ibrahim Coulibaly va mourir tragiquement le 27 avril 2011 à Abobo.
Lorsque le 7 mai 2020 à Paris,une plainte contre Guillaume Soro et contre X, est lancée par cinq personnes de nationalité ivoirienne et une de nationalité française pour « torture, assassinat et crimes de guerre », la tension politique entre Ouattara et son ex-premier ministre et président d’Assemblée nationale est à son paroxysme.
Il est clair à l’époque que cette plainte ne tombe pas du ciel. Elle procède en effet des coups que se donnent les deux nouveaux ennemis qui n’ont pas encore fini de s’expliquer sur les circonstances de la mort d’Ibrahim Coulibaly. 10 ans après, les partisans de Ouattara accusent Soro et ses hommes. De leur côté, les hommes de Soro sont formels: c’est Ouattara qui a demandé l’élimination d’IB.
Mais qui avait intérêt à voir IB disparaître ? Soro ? Oui peut-être. Les deux hommes n’étaient plus les meilleurs amis du monde. Et la sanglante bataille que leurs partisans ont livrée à Bouaké et au Nord en juin 2004, a totalement distendu leurs relations. Les deux hommes se haissaient à la limite. Donc quand le 22 avril 2011, Ouattara exige qu’IB soit « désarmé par la force, s’il le faut », c’est un blanc-seing pour en finir avec un rival coriace.
Soro qui s’est toujours tu sur cette affaire s’est finalement prononcé le 19 octobre 2019. « Permettez-moi de dire la vérité sur les faits et l’exactitude matérielle des faits. Je n’étais pas en Côte d’Ivoire quand IB a été tué. On est d’accord ? Donc, je ne pouvais pas avoir tenu le pistolet. Pour le reste, la justice de Côte d’Ivoire a du travail à faire. Donc, la vérité est dans la main de la justice », martèle-t-il sur le plateau de France 24 ce jour.
Quid de Ouattara ? Le chef de l’État ivoirien qui est accusé par les pro-Soro comme étant le donneur d’ordre pour l’élimination d’IB, a pu en tirer des dividendes, rien qu’au plan sécuritaire. En effet, au moment où Ouattara demande de désarmer IB, il a échangé avec lui au préalable. Selon Jeune Afrique du 21 mai 2020, une discussion étrange a lieu entre IB et Ouattara.
Alors que IB veut être nommé Chef d’État-major avant de déposer les armes, Ouattara lui rétorque :« Tu n’as pas le grade requis ». Et IB de lancer à son ex-mentor :« J’ai battu tous vos généraux sur le terrain ». Entre les deux hommes, il n’y avait plus qu’une issue. Se démettre ou se soumettre. Ouattara ne pouvait plus attendre vu qu’une vidéo d’Ibrahim Coulibaly montrait qu’il voulait in fine prendre le pouvoir pour lui-même.
Les accusations des camps qui se renvoient la balle peuvent légitimement se comprendre, puisque que ce soit Ouattara ou Soro, la disparition d’IB n’allait pas forcément être pleurée pour des siècles et des siècles. D’ailleurs, on voit très bien Guillaume Soro rigoler de la mort de IB dans l’affaire des écoutes sur le coup d’Etat au Burkina en 2015.
10 ans après, la vérité sur les commanditaires et les exécutants de la mort d’IB est camouflée. Aucune exactitude sur ce qu’il s’est passé à Abobo ce mercredi 27 avril 2011.